Intégration des analyses en ligne dans les opérations du process Batch
Intégration des analyses en ligne dans les
opérations du process Batch
Mots
clé
Contrôle du process Batch, Ordonnancement à
capacité finie, Analyse qualité, Ajustements matières,
Echantillonnage, Information procédé réduite, LIMS, MES, ERP, FCS,
S95.01, S88.01
RESUME
Cet exposé présente une solution développée pour
assister les processus de gestion de l’assurance qualité en
production d’une unité de polymérisation. Cette solution vise à
permettre :
Une gestion dynamique de l’analyse qualité
synchronisée avec les données de l’ERP et les activités de
production
Une exécution des procédés indépendante du
facteur humain
Une information complète et précise sur le
comportement du procédé
Les analyses qualité peuvent être exécutées par l’équipe
du laboratoire ou par les opérateurs de fabrication eux-mêmes. Les
analyses à effectuer dépendent du produit et de l’opération process
courante. Elles sont souvent itératives, liées à des ajouts de
matières ou des ajustements des points de consigne. Les spécifications
qualité sont attachées de préférence aux données client et produit
fini de l’ERP. Les relations entre le laboratoire et l’exploitation
impliquent une gestion en temps réel des ordres d’analyse et des
rapports de leurs résultats.
La solution présentée propose une voie pour
délivrer les spécifications qualité liées au plan de production de l’ERP
et pour obtenir des rapports d’analyse attachés au rapport d’exécution
de production renvoyé vers l’ERP. La spécification qualité inclut
la formule pour calculer les ajustements matières. Les échantillons
sont considérés comme des sous-opérations dans le processus de
fabrication, et comme des ordres de travaux dans l’activité du
laboratoire. Le système réalise un couplage étroit en temps réel
entre les règles de fabrication, les transferts de matières et le
contrôle qualité au niveau de l’exploitation, et un lien asynchrone
sécurisé de l’information qualité entre l’ERP et le système de
production.
Le nouveau système n’a pas encore été totalement
implémenté au moment de la rédaction de cet exposé. L’intégration
des analyses qualité a été conçue de façon à être connectée aux
fonctions de gestion des matières et des opérations du nouveau
système de supervision de la production. Les bénéfices de ce projet
seront indiqués lors de la présentation.
Introduction
L’usine CRAY VALLEY de Drocourt produit des
résines polymères par synthèse et mélange. Le renouvellement du
système d’information de l’entreprise basé sur un nouveau système
ERP imposait de reconsidérer le pilotage de la production selon
plusieurs points de vue :
Synchronisation des règles de production entre l’ERP
et le système de contrôle
Synchronisation de la production et du
conditionnement
Optimisation de l’usage des ressources
Gestion des stocks matières
Information détaillée de production
Gestion des analyses qualité
Le sujet de cette présentation concerne
principalement le contrôle qualité en production et son intégration
à travers la frontière Gestion / Production. Bien qu’il ait été
spécifié avant la publication de cette norme, le modèle de données
utilisé pourrait illustrer un exemple d’application de la norme ISA
S95.01.
L’intégration n’est pas un but en soi. Pour ce
qui concerne le contrôle qualité, les véritables objectifs étaient
de :
Proposer une gestion de la qualité flexible et
cohérente qui permette les changements de dernière minute des
exigences qualité vis-à-vis du produit ou du client
Récupérer le savoir-faire des opérateurs et
capturer le comportement du procédé
Obtenir des performances reproductibles en
atteignant les spécifications requises de la même manière quelle
que soit l’équipe d’exploitation
Les considérations suivantes ont conduit à la
solution exposée :
Le système d’information doit être cohérent
entre les exigences de qualité produit et client, le processus d’analyse
et les résultats qualité permettant d’automatiser le processus de
gestion de l’assurance qualité en production
Les spécifications qualité sont attachées de
préférence aux données produits et clients de l’ERP
Les analyses peuvent être exécutées par le
laboratoire ou par les opérateurs eux-mêmes
Les relations entre les équipes du laboratoire et
de l’exploitation impliquent une gestion en temps réel des ordres d’analyse
et de leurs résultats
Les analyses à effectuer dépendent des exigences
spécifiques pour le produit et le client et de l’opération process
courante
Elles sont souvent itératives, liées à des
ajouts matières ou des ajustements de points de consigne pour obtenir
la cible prévue ou suivre l’évolution typique des spécifications
Le système LIMS installé était obsolète et
devait être renouvelé.
Cette solution est caractérisée par les points
suivants :
Les spécifications qualité sont attachées au
plan de production délivré par l’ERP.
Les résultats qualité sont attachés aux données
de production transférées à l’ERP
Les formules d’ajustement matières font partie
des spécifications qualité
Les échantillons génèrent des sous-opérations
dans la fabrication du produit et sont traités comme des ordres de
travaux dans les activités du laboratoire
Les informations sur les productions passées sont
disponibles (résultats d’analyse, ajustements matières). Ceci
permet un contrôle de vraisemblance des suggestions du système.
Le système induit un couplage étroit entre les
règles de production, les transferts matières et le contrôle
qualité, et un couplage asynchrone sécurisé entre l’ERP et le
système de production.
Analyses et Contrôle Qualité – Etendue de la présentation
Les activités de contrôle et d’analyse peuvent
être classées en plusieurs domaines :
Contrôle de la réception et des stocks de
matières premières
Contrôles en ligne et en fin de production
Contrôle au conditionnement et aux expéditions
Contrôle périodique et d’obsolescence des
stocks de produits finis
Dans notre cas, les domaines 2 et 3 sont sujets à de
fortes contraintes de temps et agissent directement sur les processus qu’ils
assistent. Les domaines 1 et 2 sont généralement moins critiques.
Les contrôles de réception des matières ont
été exclus du domaine du projet, mais auraient pu être gérés de
la même façon sans difficultés particulières.
La production est livrée en vrac ou emballée. L’expédition
des produits emballés est découplée et ne nécessite pas de
contrôles complémentaires, tandis que la livraison vrac doit être
synchronisée avec la production et exige des contrôles spécifiques
Le contrôle du stock de produits finis a été
intégré, mais ne sera pas développé ici.
Contrôle en ligne et en fin de production
Le contrôle qualité en ligne d’un produit durant
sa fabrication, combiné avec les autres données procédé permet de :
Maîtriser ses caractéristiques aux différentes
étapes de la fabrication
Atteindre les spécifications finales
Améliorer la connaissance du comportement du
procédé.
Nous remarquons que :
Les variations des caractéristiques des matières
en entrée (matières brutes et produits semi-finis), les conditions d’exploitation
et les écarts par rapport aux règles de fabrication conduisent à
des déviations des caractéristiques attendues du produit.
Ces déviations doivent être corrigées de façon
à atteindre les spécifications attendues du produit pour les étapes
suivantes de la fabrication ou les spécifications du produit fini.
Les corrections sont principalement des
compensations de matières dans notre cas
L’efficacité de la production requiert une
optimisation de la durée des opérations ainsi que des actions
rapides et adaptées pour compenser les déviations
L’activité du laboratoire est supposée
totalement réactive aux besoins de la production, bien que ce
département doivent assumer des ordres d’analyse venant d’autres
unités et doivent arbitrer ses priorités
L’activité d’analyse peut être assurée par
un ou plusieurs laboratoires, et parfois par les opérateurs d’exploitation
eux-mêmes. Le travail peut être partagé entre différents acteurs :
échantillonnage, analyse, correction matières, assignation du statut
qualité
Aperçu du procédé
L’usine met en œuvre 2 procédés principaux pour
produire des polymères :
Synthèse à partir de matières premières
Mélange de produits semi-finis et de matières
premières
La méthode adoptée et présentée ici était bien
adaptée pour les2 types de procédé, ainsi que pour les contrôles sur
stock et les ajustements considérés comme des ordres de production
inclus dans le plan de production de l’ERP. La figure ci-dessous
montre un ordre d’expédition ou de conditionnement lié à un ordre
de production (il peut y avoir plusieurs ordres de conditionnement liés
à un même ordre de production).
Procédé par synthèse :
Segment de production / Activités Qualité pour la
production et expédition synchronisée
|
Opérations de Production |
Opérations conditionnement |
Segment de Production |
Chargement réacteur |
Réaction
+ Spec ajustement |
Transfert et chargement dilueuse |
Ajustement des spécifications |
Contrôle avant conditionnement |
Conditionnement |
Activités AQ |
- |
Contrôles en ligne par les opérateurs |
- |
Contrôles en ligne par le laboratoire |
Contrôle
Par le laboratoire |
Contrôle
Par le laboratoire |
Besoins Equipements |
Réacteur |
Réacteur |
Réacteur Dilueuse |
Dilueuse |
Dilueuse
Conditionneur |
Conditionneur |
Besoins personnels |
Opérateur |
Opérateur |
Opérateur |
Opérateur
Assistant labo |
Opérateur
Assistant labo |
Opérateur
Assistant labo |
Besoins matières |
Formule ERP |
Ajustements calculés d’après les résultats
d’analyse |
Formule ERP |
Ajustements calculés d’après les résultats
d’analyse |
- |
- |
Architecture du système d’information
Le système d’information de production est
construit autour de 3 sous-systèmes : ERP, DCS et MES
L’ERP (Enterprise Resource Planning) assure la
maîtrise des procédés qui définissent les segments de production
incluant la formule de base, les classes d’équipement et de
personnel requises et les spécifications qualité. Du point de vue
S88, le procédé ERP peut être considéré comme un intermédiaire
entre la recette maître et la recette Site/Générale tenant compte
des besoins en ressources, mais simplifiant les éléments
procéduraux.
Le DCS (Digital Control System) utilise un
contrôleur de batch S88. Les recettes maîtres sont construites de
façon à représenter une vue détaillée des procédés ERP. L’exécution
de la recette est synchronisée par le DCS qui envoie des drapeaux
à destination de la recette haut niveau ERP/MES. De façon à
respecter les contraintes actuelles de sécurité du système de
contrôle, aucune information de l’ERP n’est transmise
directement. Les ordres de production (10 par jour) sont
initialisés et lancés manuellement. Certaines unités sont
conduites manuellement.
Le "MES" (Manufacturing Execution
System) est une plate-forme de communication avec des applications
complémentaires. Il traite les échanges de données et supervise
les applications. Il a été développé spécialement par choix
stratégique plus que pour des raisons techniques. Les applications
sont généralement développées spécifiquement, à l’exception
du FCS (Finite Capacity Scheduling, logiciel d’ordonnancement à
capacité finie). Cette couche du système d’information a été
conçue pour être totalement "transparente", ne gérant
que les configurations d’environnement et de sécurité d’accès.
Les données opérationnelles sont toujours maîtrisées par leur
propriétaire (application d’origine), qui est l’ERP dans la
plupart des cas. Ceci est indispensable pour assurer l’intégrité
du système et réduire sa maintenance.
Le DCS "pousse" les données process dans
la base de données de production en temps réel ou à la fin de la
production selon les besoins du système.
Pilotage de la production
Plan de production initial de l’ERP
Le plan de production de l’ERP contient tous les
ordres de production validés. Un ordre de production est composé de :
L’information de planification de la production.
Elle inclut le plan de production (ce qui doit
être produit, quand et comment) et les liens entre demandes de
production, par exemple entre ordres de conditionnement et de
production.
Information de définition de production.
Elle inclut les règles de production, les
exigences détaillées en matières, les exigences qualité, les
exigences en classes d’équipements et de personnel.
Elle est découpée en Segments Produit selon les
règles de production (étapes et opérations process). Les règles de
production incluses dans le plan de production sont interprétées par
le FCS en utilisant des étapes prédéfinies et paramétrées.
L’information de capabilité de production
est
partagée entre l’ERP et le FCS.
La capabilité matières est gérée directement
par l’ERP. Il maintient la liste des lots utilisables, leur
emplacement, le mode de conditionnement et les quantités pour chaque
besoin élémentaire.
La capabilité Equipement et Personnel est gérée
par le FCS
2 plans de production sont gérés séparément et
contenus dans 2 bases de données séparées :
Le plan de production courant
Le plan de production simulé utilisé pour
vérifier la charge globale de l’usine en regard de la capacité
disponible pour le plan ferme et les prévisions court, moyen et long
terme de l’ERP, en invoquant les fonctions d’analyse de contrainte
du FCS.
Ce modèle ne correspond pas exactement au modèle du
projet actuel S95.01 (draft 11 June 1999):
Les exigences matières sont supportées par un
seul objet plutôt que par 3 entités séparées pour les matières
"Produites", "Consommées" et
"Consommables".
Un objet séparé supporte les exigences qualités au
lieu de les encapsuler dans le modèle matières. Cette conception a
été choisie parce que plusieurs ordres de production pour le même
produit peuvent mettre en œuvre des exigences qualité différentes
selon les exigences du client. Le modèle S95.01 model aurait pu être
appliqué, mais de façon moins évidente.
Plan de production exécutable : complété par le Contrôle et le
FCS
Le sujet de ce papier est présenté ici. Les
segments de production sont découpés en sous-segments générés pour
chaque échantillon. Ceci permet de gérer une information détaillée
de production au niveau de l’échantillon selon un schéma très
simple.
L’échantillonnage est traité selon les exigences
qualité. Les ajustements matières recommandés après l’analyse de l’échantillon
selon les spécifications des tests qualité sont introduits dans les
exigences matières, automatiquement déployés au niveau de la
"sous-opération" d’échantillonnage.
En plus de l’altération des matières par le
contrôle qualité, ce modèle supporte les altérations de formule pour
tenir compte des chargements imprévus de matières (dus aux
"sentiments" de l’opérateur, à un manque des matières
requises, à une demande du service qualité…)
Le FCS traduit les exigences définies en classes d’équipements
par l’ERP en allocations spécifiques ("Réacteur" dans le
plan de production initial devient "R151" après traitement
par le FCS). Il définit les exigences en personnel. Les ressources en
équipement et personnel et leur usage ainsi que La traçabilité des
lots de matières ne seront pas davantage détaillées ici, étant exclu
de la portée de cette présentation.
Exécution de la production et rapport vers l’ERP
L’information de production est enregistrée dans
la base de donnée de l’Information de Production Courante pendant l’exécution
de la production selon un model semblable au précédent.
A la fin de la production ou à la suite d’une
demande particulière, l’information de production est transférée
dans la base de donnée séparée de l’Information de Production
Historique. Cette base de données peut être utilisée :
Comme référence en ligne du comportement actuel
du procédé par les chimistes et les opérateurs
Pour l’analyse hors ligne du comportement du
procédé, la recherche des incohérences de transferts de matières,
les calculs d’utilisation des équipements, l’analyse Pareto des
défauts…
Au même instant, le rapport d’exécution de la
production est envoyé à l’ERP. Il consiste en un jeu d’informations
consolidées et validées à partir de l’information détaillée de
production. Cette information est réduite pour correspondre aux besoins
de l’ERP :
Activités des ressources : allocation des
ressources, durée de chaque segment de production (seule l’utilisation
des équipements est renvoyée)
Transactions matières. L’utilisation et la
production des matières est réduite par lot, emplacement et
catégorie.
Résultats qualité : résultats d’analyse
consolidés pour le produit fini. Ils comprennent les résultats des
tests aussi bien que le statut qualité pour la matière produite.
On obtient ainsi une réponse concise à l’ordre de
production de l’ERP, tandis que l’information détaillée demeure
disponible dans la base d’information de production.
A nouveau, ce modèle ne correspond pas exactement au
modèle S95.01 :
Les résultats qualité sont rapportés dans un
objet séparé (comme dans le plan de production)
Les résultats qualité et les matières sont
rapportés à l’ordre de production, et non au segment de production
Pilotage du contrôle qualité
Planification opérationnelle du Contrôle Qualité
LA NORME S88.02 : UN LANGAGE POUR LE CONTROLE DES PROCEDES BATCH
Word
La norme S88.02 : un langage pour le contrôle des procédés Batchs
PPT
Les activités du laboratoire sont gérées de la
même façon que celles de l’installation de production. Le
laboratoire est traité comme une Cellule Process et les échantillons
sont considérés comme des ordres d’analyse dans la planification des
analyses. De cette manière, le laboratoire principal et les opérateurs
qui exécutent des analyses particulières d’auto-contrôle en ligne
peuvent disposer de leur propre planification indépendante.
La planification de la production, les segments de
production et les informations matières sont cachées (mais
disponibles) dans la planification d’analyse, et l’on obtient une
gestion intégrée, mais indépendante de ces activités.
Les réponses d’analyse sont rapportées aux ordres
d’analyse correspondants (données courantes) et peuvent faire
référence aux résultats passés pour le même produit et
(optionnellement) le même équipement. Ceci permet une comparaison
facile entre les résultats actuels et les ajustements matières avec
les sessions de production passées.
L’utilisation du FCS permettrait d’optimiser l’activité
du laboratoire.
Conclusions
Le système présenté offre un modèle adapté tout
en restant simple pour intégrer l’information de laboratoire dans l’information
de production. La solution développée à partir de spécifications
contrôlées par l’utilisateur correspond de près aux besoins
exprimés par le département de production tout en étant conforme aux
besoins de l’ERP vis-à-vis de l’information de production.
Une information complète et précise est
disponible pour les formules d’ajustement matières. Chaque ajout
matière peut être comparé aux propriétés physico-chimiques du
produit obtenues pour les opérations process et l’échantillon
qualité correspondant.
L’information nécessaire réduite et validée
est remontée à l’ERP tandis que l’information détaillée est
conservée au niveau du système de production.
Le travail du laboratoire est géré efficacement,
et pourrait être optimisée par un FCS
Le modèle S95.01 n’est pas totalement
implémenté et respecté. Toutefois, spécifiée dans l’ignorance
de ce standard, cette solution n’en est pas si éloignée et aurait
pu être développée en accord avec ses modèles conceptuels.
Le principal bénéfice par rapport au précédent
LIMS est un dialogue efficace entre les unités de production et le
laboratoire et la gestion qualité centrée sur l’ERP, ce qui
simplifie énormément la gestion des données de production.
Inversement, on peut mentionner quelques déficiences
:
Principalement développée à façon, l’architecture
MES aurait pu être construite en utilisant des composants commerciaux
disponibles. Ce choix a conduit à des délais incontrôlables, des
incertitudes techniques et des impasses en matières de coût et de
budget aussi bien pour l’utilisateur final que le contractant. La
société qui a développé les composants du système a disparu avant
la fin du projet. Le vendeur de l’ERP a du prendre la
responsabilité de terminer et supporter le système.
Le système n’est pas un exemple d’intégration
totale, laissant le DCS encore isolé par rapport aux flux d’information
descendants de l’ERP. Le partage des responsabilités entre les
systèmes de Gestion et de Contrôle n’a pas été résolu : c’est
un des principaux défis de la norme S95.01 !
Le système DCS a été écarté du projet. En
raison d’une stratégie floue du vendeur du DCS ou d’incompréhensions,
ses capacités de gestion de Batch n’ont jamais été prises en
compte. Les opérateurs doivent utiliser 2 logiciels différents et la
synchronisation avec l’état actuel du process est encore gérée
manuellement.
Le standard S88 n’a jamais été considéré
(hormis au niveau DCS). Le modèle physique est géré indépendamment
dans 3 systèmes (ERP, DCS, FCS)
Ainsi, le principal problème de ce projet est son
planning incontrôlé du à une spécification sans fin du système et
un développement à façon. S’il devait être repris, sa réalisation
pourrait être considérée d’une façon plus efficace :
Utiliser autant que possible des solutions
commerciales développée par des éditeurs fiables.
Il aurait été préférable de considérer une
utilisation extensive des capacités de gestion batch du DCS, même
pour les unités conduites manuellement.
Une équipe de projet plus consistante et un budget
plus réaliste auraient probablement conduit à de meilleures options
et assuré un contrôle de la planification du projet.
Nous espérons que les concepts de base exposés dans
cette présentation apporteront une contribution utile pour un bon
nombre de projets d’intégration entre les mondes de la Gestion et de
la Production.
Résumé
Dans la foulée de la norme S88.01 traitant du
contrôle des procédés discontinus, le projet de norme S88.02 propose
un modèle de données pour interfacer les applications et échanger les
recettes et un langage de description de la Recette, le PFC (pour
« Procedure Function Charts ») qui repose sur le modèle de
données. Ce langage vise la réduction de la courbe d’apprentissage
des nouveaux systèmes et l’amélioration de la communication entre l’Homme
et le Système. Cette présentation présente un aperçu du
développement et des règles d’utilisation du PFC ainsi que les
bénéfices attendus par leur adoption dans l’industrie.
La spécificité des procédés discontinus
Par opposition aux procédés de type Discret
(manufacturier) et continus (énergie, pétrochimie…), on distingue
les procédés de type Discontinu ou Batch par les
caractéristiques suivantes :
Ils opèrent selon un cycle au cours duquel des
quantités déterminées de matière sont transformées en produit
fini,
La taille des équipements détermine directement
la production du cycle,
Le produit fabriqué dépend de la Procédure
exécutée par le cycle appuyé par les fonctions élémentaires de
chaque équipement.
Il s’agit souvent d’ateliers
« flexibles » ou multi-produits.
La chimie, l’agroalimentaire et la pharmacie
représentent l’essentiel de ces procédés. La dernière contrainte
de flexibilité ajoutée à la complexité relative du contrôle de base
des équipements a amené le développement d’une réflexion
particulière sur la stratégie de contrôle de ces ateliers : la
norme S88.01
La norme S88.01
La norme IEC 61131-3 définit des langages de
programmation adaptés au contrôle de base des équipements du
procédé. Essentiellement conceptuelle, la norme ANSI/ISA S88.01 / IEC
61512-1 (que nous appellerons « S88 » dans la suite de l’exposé)
apporte un niveau supérieur au contrôle de procédé : la flexibilité
de l'allocation des ressources et de la stratégie de contrôle. Elle
découple les domaines et les responsabilités du contrôle de base des
équipements vis-à-vis de la spécification du procédé de fabrication
et de l'allocation des ressources (la Recette). Elle peut également s’appliquer
à d’autres types de procédés (voir les travaux EBF WG3).
Equipements et Recette
La norme S88.01 sépare le contrôle en deux domaines
de responsabilité :
Le contrôle des équipements
La Recette
Le premier domaine est celui de l’Automatique. Le
contrôle de l’équipement est par définition indépendant du produit
à fabriquer. Il fournit les ressources fonctionnelles de base pour
construire la stratégie de fabrication (transformations, transferts d’énergie
et de matières).
Le second domaine est celui du Procédé. Il utilise
les ressources fonctionnelles des équipements pour accomplir la
stratégie de fabrication du produit.
La frontière entre ces domaines définit directement
le degré de flexibilité de l’atelier et attribue les
responsabilités correspondantes à l’Automaticien d’un côté, au
gestionnaire et à l’ingénieur procédé de l’autre.
La Recette est composée de 5 éléments :
Entête
Procédure
Formule (Paramètres, Entrées et Sorties
Procédé)
Exigences Equipements
Autres Informations
Hiérarchie de la Procédure
Le contrôle procédural de la norme S88.01 repose
sur 4 niveaux hiérarchiques :
Procédure
Procédure Unité
Opération
Phase
Une Procédure est composée de Procédures Unité
elles-mêmes composées d’Opérations… Des niveaux peuvent être
omis, des niveaux complémentaires peuvent être ajoutés. Ces
éléments procéduraux sont appelés de façon générique :
Elément Procédural Recette ou RPE pour la
stratégie de fabrication
Elément Procédural Equipement ou EPE pour le
contrôle des équipements
On pourra définir des Procédures Recette,
Procédure Equipement, Procédures Unité Recette, Procédures Unité
Equipement, Opérations Recette, Opérations Equipement, Phases Recette
et Phases Equipement.
La séparation entre le domaine de la Recette et le
domaine de l’Equipement est du ressort de l’implémentation.
Toutefois, la plupart des systèmes de pilotage de Recettes imposent un
couplage au niveau de la Phase. (Figure 1)
Figure 1 – Distribution
du contrôle procédural entre Recette et Equipement (ISA S88.01 1995)
Types de Recettes
La norme S88.01 propose 3 types de Recettes selon le
niveau de détail et l’utilisation :
Recette Générale
Recette Site
Recette Maître
Seule la dernière peut donner naissance à une
Recette exécutable, la Recette Contrôle. Les autres Recettes ont d’autres
objectifs liés à la création des produits et à la planification. Le
rapport ISA TR88.0.03 préconisait le développement d’un langage
adapté aux trois types de Recettes, mais cet objectif a été
abandonné entre temps. La situation au niveau des Recettes de niveau
supérieur est loin d’être claire, et ce problème est placé dans
les priorités d’action du groupe SP88 pour les prochains projets de
norme.
Contexte général
La norme S88.01 définit le terme Procédure comme
« la stratégie pour exécuter un procédé », mais les
règles pour spécifier cette Procédure ne sont pas définies. C’est
une lacune importante de la première partie de la norme : elle
était intentionnelle du fait des opinions variées au sein du comité
à cette époque. Le comité SP88 reconnaissait qu’il s’agissait d’un
problème important et adopta les 2 résolutions suivantes :
Etablissement d’un rapport sur les formats
possibles de représentation des Procédures,
Définition d’une méthode pour la description
de la Recette dans la seconde partie de la norme.
Le rapport technique ISA-TR88.0.03 fut publié en
1997. Le travail sur la seconde partie se poursuivit après la
publication de ce rapport, et une méthode normalisée pour décrire la
logique procédurale des Recettes est exposée dans la section 6 du
projet de norme S88.02[1]
« Procedure Function Charts ».
La notation PFC a été développée en utilisant des
éléments des trois formats discutés dans le rapport technique :
Liste, Gantt et SFC (Sequencial Function Charts). A première vue, la
notation PFC est proche du SFC, mais plusieurs aménagements ont été
développés pour tenir compte des spécificités d’exécution et de
documentation du contrôle procédural vis-à-vis du contrôle
séquentiel.
La méthode choisie pour la description de la Recette
ne prend en compte que la Procédure : L’en-tête, les Exigences
Equipements, la formule et les autres informations ne sont pas traités.
Par définition, la Procédure supporte la structure de la Recette à
laquelle se rattachent obligatoirement les autres catégories d’information.
Ces informations ne sont pas normalisées au-delà de la nécessité d’ « indiquer
clairement et de façon consistante pour une application donnée leur
relation avec la Procédure ».
Les bénéfices attendus d’une méthode normalisée
de description de la Procédure sont :
Permettre l’échange des Recettes entre
systèmes (en validant les structures de données proposées dans la
norme S88.02)
Réduire la courbe d’apprentissage des
utilisateurs d’un système à l’autre
Fournir une base commune de dialogue entre les
utilisateurs et les fournisseurs
L’aspect normatif de la notation PFC n’impose pas
son utilisation exclusive. Il est reconnu que des méthodes alternatives
pourront être préférées en fonction des caractéristiques de la
Procédure (taille, complexité, exigences particulières de l’utilisateur…).
Les objectifs
Un langage est un ensemble de symboles et de règles
utilisés pour communiquer. Dans le cas des systèmes d’information,
ils permettent à l’homme de dialoguer avec la machine pour décrire
la tâche que la machine doit exécuter et en contrôler son exécution.
La définition précise des objectifs et des
contraintes est essentielle pour guider le développement. La liste
suivante est partiellement mentionnée en annexe du projet
ISA-dS88.02 :
Simple à suivre : il s’agit d’un
langage de spécification destiné à être utilisé par des
non-informaticiens et non-automaticiens
Facile à construire : peu d’exigences
de syntaxe et de symboles à apprendre
Limites clairement définies : symboles
graphiques normalisés de Début et de Fin
Description de l’ordre d’exécution non
ambiguë : séquence, parallélisme, sélection,
convergence…
Expression des relations de coordination :
transfert de matières et synchronisations
Support des Niveaux hiérarchiques :
symboles uniques, mais différenciés pour tous les niveaux de la
Procédure
Support multi-niveaux : mise en
évidence de la décomposition possible d’un élément de
Procédure
Applicable aux Recettes Maître et Contrôle.
Le traitement des Recettes de haut niveau n’est pas retenu pour le
PFC.
Indépendant du média : utilisable
aussi bien pour une implémentation « papier-crayon » qu’avec
un ordinateur capable d’animations graphiques colorées.
Le langage doit permettre de fournir tous les
détails nécessaires pour décrire de façon non ambiguë la
stratégie de fabrication. A ce titre, il doit donc supporter le
modèle d’échange de données défini dans les sections 4 et 5 de
la norme S88.02.
La capacité d’extension est induite par l’exigence
d’une description non ambiguë. Dans les cas les plus simples, la
Procédure peut ne comporter qu’un seul Elément Procédural
Recette (RPE) ou une simple liste exécutée séquentiellement. Dans
les cas complexes, des logiques conditionnelles et des contraintes
de temps peuvent intervenir.
Comparaison des méthodes existantes et proposées
Sur la base des objectifs et contraintes ci-dessus,
le comité reconnu que le rapport technique fournissait une analyse
précise des options possibles, incluant la plupart des méthodes
utilisées par les systèmes de contrôle batch du marché. Ces
méthodes sont les suivantes :
Liste d’instruction
C’est la forme la plus simple pour la
représentation d’une séquence linéaire (Figure 2). La liste
présente l’avantage d’être facile à visualiser.
Paramètres de Phase |
Paramètre |
Valeur |
Type |
1 |
Remplir |
Eau |
1000 kg |
Entrée |
2 |
Ajouter |
Sel |
50 kg |
Entrée |
3 |
Chauffer |
Vapeur |
50 ¢ C |
Process |
4 |
Ajouter |
Sucre |
30 kg |
Entrée |
Figure 2 - Liste
d'instruction
Historiquement, la plupart des Procédures Recettes
ont été décrites de cette façon. Ces Recettes présentaient à l’opérateur
une liste numérotée d’étapes à exécuter. S’il est convenable
pour des situations simples, ce format n’est pas utilisable dans des
cas plus complexes : les parallélismes et séquences complexes
avec logique conditionnelle sont très difficiles à décrire clairement
avec ce format. L’exemple de la Figure 3 montre à quoi pourrait
ressembler une approche textuelle. Il s’agit d’une proposition de
langage d’échange « BxL » pour l’échange de données
de Recette (non retenu à ce jour). Cette forme évoluée bien adaptée
pour la communication entre ordinateurs n’est à l’évidence pas
utilisable pour un dialogue efficace avec un être humain… [2]
Figure
3 - Langage Littéral
Diagramme de Gantt (modifié)
Figure 4 - Diagramme de
Gantt modifié
Les diagrammes de Gantt sont très utiles pour
décrire la progression des activités dans le temps. Ils peuvent
également montrer de niveaux multiples d’activités. Outils de base
de la planification, ils sont relativement bien adaptés pour la
description de Procédures Recettes qui consistent en une ou plusieurs
Procédures Unité opèrent de façon plus ou moins indépendante avec
des points de coordination.
Le diagramme de la Figure 4 présente quelques
particularités :
Le déroulement vertical qui se prête mieux à
un nombre d’activités successives plus important que les
activités parallèles et qui suit la logique du format liste ou du
SFC
Les liens de coordination entre Procédures
Unité
Le découpage des Procédures Unité en
Opérations
Une base de temps relative et non absolue du fait
que l’instant de lancement des activités et leur durée ne sont
pas connus de manière déterministe avant leur exécution
Toutefois, lorsqu’une logique conditionnelle
complexe doit être introduite, le diagramme de Gantt perd son
efficacité. Les systèmes de planification utilisent alors les
diagrammes de Pert pour traiter ce type d’information et gérer les
situations complexes avec des prédécesseurs et des successeurs
multiples. Si les diagrammes de Pert sont efficaces pour les systèmes
de planification sophistiqués, ils ne sont guère adaptés à la
conduite d’une unité de fabrication.
SFC
La troisième méthode discutée dans le rapport
technique est le Sequential Function Chart (SFC) défini par la norme
IEC 61131-3 et basé sur la norme IEC 60848 (GRAFCET). C’est un
langage largement répandu et bien accepté. Il offre des moyens
puissants pour spécifier la logique conditionnelle, ce qui manque aux
précédentes méthodes de type Liste ou Gantt. On note que la plupart
des systèmes batch actuels utilisent le SFC pour décrire les
Procédures. La Figure 5 montre l’exemple d’une Opération qui
active des Phases.
Figure
5 - Représentation SFC d'une Opération
Le graphe SFC décrit bien la logique conditionnelle
souvent nécessaire au niveau de l’Opération. Au niveau supérieur de
la Procédure toutefois, cette capacité a peu d’intérêt. La Figure
6 montre deux Procédures Unité actives simultanément. Dans ce cas, on
ne dispose pas d’information concernant les flux matières, la
synchronisation entre les Procédures Unité et leur déroulement
général relatif dans le temps. Par exemple, la Procédure Unité Réaction
n’est pas supposée démarrer avant que la Procédure Unité Préparation
n’ait atteint une certaine situation. Le graphe ne montre pas cela
parce qu’il doit placer toutes les Procédures Unité dans la même
structure séquentielle parallèle.
Figure 6 –
Représentation SFC d’une Procédure Unité
En conclusion
Chaque approche présente des avantages et des
inconvénients, et le rapport ne conclut pas sur une recommandation.
Deux autres problèmes n’ont pas été mentionnés par le rapport,
bien qu’ils soient critiques pour la description de la Recette :
l’utilisation de niveaux multiples dans la hiérarchie et la
séparation entre les Eléments Procéduraux Equipement et Recette.
Autres apports
Chaque constructeur de système ou éditeur de
solutions pour le contrôle batch a développé son propre langage.
Cette diversité des approches qui provoque la confusion des
utilisateurs a été un élément moteur pour le développement du PFC.
Les acteurs majeurs ont participé à l’élaboration de ce langage.
Chacun s’est battu pour conserver les atouts de sa propre solution
dans la norme.
Pendant cette évaluation, d’autres travaux ont
été étudiés. On doit signaler par exemple les travaux remarquables
de Karl-Erik Arzen et Charlotta Johnsson sur le « High Level
Grafchart ». Ils proposent une évolution sans compromis du
Grafcet vers une forme objet et démontrent son application dans le
contrôle discontinu [3] [4] [5] [6].
Les travaux de révision de la norme IEC 60848-1988
pour permettre de spécifier de multiples niveaux de graphe offraient
également un champ de réflexion intéressant [7] [8]
[9]
La notation résultante du Procedure Function Chart s’est
inspirée du High-Level Grafchart et des modifications proposées pour
la norme IEC 60848.
Développement des « Procedure Function
Charts »
Cette évaluation concluait donc qu’aucune méthode
existante ne convenait pour répondre à tous les objectifs et
contraintes énoncés à tous les niveaux et pour tous les degrés de
complexité des Procédures. Par contre, il était reconnu que chacune
des méthodes discutées dans le rapport technique avait des
caractéristiques intéressantes qui, combinées entre elles, pouvaient
contribuer à définir une nouvelle méthode efficace. Il était
également reconnu qu’une méthode similaire à celle proposée par la
révision des macro-étapes de la norme IEC60848 permettrait de
supporter les niveaux multiples dans la Recette.
La notation PFC a été développée et révisée sur
une période de 4 années marquées par des faux départs et des marches
arrières. Chaque fois que de nouveaux membres se joignaient au comité,
de nouvelles discussions et de nouvelles alternatives surgissaient. Il s’avéra
impossible de développer une méthode satisfaisante dans l’esprit de
chacun. Compromis et concessions ont été le terrain du consensus sur
la méthode de description retenue.
En guise de parcours simplifié du processus de
développement de la notation PFC, il peut être utile de considérer
quelques éléments qui ont guidé sa genèse :
L’influence du format Liste est visible dans le
principe des Transitions Implicites (discutées plus loin) qui
permet de décrire une simple liste d’Eléments Procéduraux.
La capacité du diagramme de Gantt à
représenter la notion de durée et la synchronisation apparaît
dans la possibilité de dessiner des éléments procéduraux de
longueur fonction de leur durée relative.
L’influence du SFC est évidente :
Utilisation de sélections de séquences et de séquences
simultanées, alternance Transition – Etape – Transition.
Bien que le terme "Macro Etape" ne soit
pas utilisé, le concept mis en avant par le projet de révision de
la norme IEC60848 est reflété dans la notation PFC.
La séparation entre la logique de la Recette et
celle de l’Equipement a conduit à définir une spécification
particulière pour l’activation et l’évaluation des
Transitions.
Il existe une différence fondamentale entre la
logique procédurale de la Recette et la logique séquentielle de l’entité
d’équipement. La logique d’équipement, quel que soit le
langage, doit toujours être responsable de la conclusion de son
traitement. La décision de l’entité d’équipement peut être
basée sur des signaux externes sans filtrage interne, par contre,
la capacité de la logique d’équipement à traiter ses tâches
ménagères ou d’autres activités lors d’une demande de fin d’exécution
est critique. C’est la ligne de raisonnement qui à conduit à
définir un comportement différent de la relation RPE-Transition du
PFC de la relation Etape-Transition du SFC.
Les spécificités Process telles que l’allocation
des ressources, les transferts de matières, la synchronisation et
les activités asynchrones sont prises en compte par la notation
PFC.
La Procédure Recette doit montrer l’orchestration
de Procédures Unité relativement indépendantes même lorsqu’elles
se décomposent en éléments de niveau inférieur (Opérations,
Phase).
Notation du « Procedure Function
Chart »
La notation présentée ici est définie dans le
projet de norme ISA-dS88.02 dans son état au moment où ce papier est
rédigé. Il est possible que cette notation soit modifiée avant que ce
projet ne soit confirmé comme norme ANSI/ISA et IEC à l’issue du
processus d’approbation actuellement en cours. Les indications
fournies devront donc être confrontées à la publication officielle en
cas de référence future.
L’objectif de cette présentation n’est pas de
proposer une référence complète du langage PFC qui devrait fait l’objet
de publications ultérieures. Il s’agit d’une brève vue d’ensemble
de la notation au travers de quelques exemples.
Les symboles utilisés dans la notation PFC sont les
suivants :
Figure 7 – Symboles PFC
PFC « Procédure Opération »
Le plus bas niveau hiérarchique de la Procédure
Recette est la Procédure Opération qui décrit les enchaînements des
Phases Recette, elle-même couplées (au besoin) aux Phases Equipement.
Ce cas limite où la Recette détermine les enchaînements procéduraux
au plus bas niveau de la hiérarchie S88 correspond au niveau de
couplage exclusif de la plupart des moteurs d’exécution batch.
La Figure 8 montre comment décrire une Opération
simple de 2 Phases en utilisant les symboles PFC. Les symboles de Début
et Fin indiquent où commence et où se termine l’exécution du PFC.
Le diagramme est développé verticalement du début à la fin. Les
liens directs connectent les différents symboles et déterminent l’ordre
d’exécution du diagramme.
Figure 8 – Procédure
Opération PFC
Les Phases Recette correspondent à des Phases
Equipement qui peuvent être implémentées en logique programmée dans
un contrôleur de procédé (processeur SNCC ou Automate). Ces 2 Phases
sont représentées différemment pour mettre en évidence l’utilisation
des Transitions Implicites et Explicites.
Transition Implicite
La Phase Remplir utilise une Transition
Implicite. Elle est programmée de telle sorte qu’elle passe à l’état
« Terminé » lorsqu’elle atteint son objectif (dans ce cas
: atteindre le niveau de 4 mètres). Cet objectif a été défini en
utilisant un paramètre transmis à la Phase au lieu d’une condition
de Transition. La Phase suivante Purger doit démarrer dès que
la Phase Remplir atteint son objectif. On considère dans ce cas
qu’il n’est pas nécessaire de représenter une Transition entre ces
2 Phases : les Phases s’enchaînent naturellement par le seul jeu
de leur exécution. Lorsqu’une Transition n’est pas décrite parce
qu’elle correspond à la fin de l’élément procédural précédent
sans aucune autre condition, elle est appelée Transition Implicite. La
notion de Transition est maintenue dans le but de respecter la règle
Etape-Transition-Etape de la norme IEC 61131-3.
Figure 9 –Transition
Implicite
La Figure 9 développe le concept de Transition
Implicite. Par définition, la Transition Implicite est une convention
qui autorise à ne pas représenter dans le PFC la condition
« Elément Procédural Equipement Terminé ». Dans la
plupart des applications batch, les Eléments Procéduraux Equipement
sont programmés par l’automaticien pour être lancés par la
Procédure Recette et poursuivent leur exécution en utilisant les
paramètres de formule appropriés chargés avant l’exécution. Ceci
est un problème critique du contrôle batch : l’Elément
Procédural Equipement contrôle toujours lui-même sa fin d’exécution,
même si une Transition Explicite du PFC la requiert. Ce mécanisme est
naturel pour l’auteur de la Recette.
Il s’agit d’une différence majeure avec le SFC :
lorsqu’une Transition est évaluée vraie, les étapes précédentes
sont immédiatement terminées, et il n’existe aucune opportunité
pour poursuivre les « tâches ménagères ». Une
interruption soudaine des Eléments Procéduraux Equipement n’est pas
adaptée aux applications batch, et on remarquera que beaucoup de
systèmes utilisent une forme altérée du SFC pour contourner ce
problème.
Transition Explicite
Dans le cas de l’exemple précédent, on aurait pu
représenter une condition « Vraie » ou « Niveau
atteint » ou « Phase de remplissage terminée ». Si
une telle information est ressentie comme nécessaire, elle pourra être
décrite à l’aide d’une Transition Explicite.
Figure 10 –Transition Explicite
Une Transition Explicite suit la Phase Recette Purger.
Cette Phase est programmée dans l’équipement pour vider le
réacteur. Après que cette Phase ait été lancée, la logique de la
Phase Equipement ne fermera la vanne de purge que lorsque l’ordre lui
en aura été donné par l’exécution du PFC lorsque la
Transition « Niveau <= 1 mètre » sera devenue vraie. La
Phase ferme la vanne, effectue les actions nécessaires et passe à l’état
« Terminé ». Le PFC franchit alors la Transition, atteint
le symbole Fin, et conclut l’exécution de l’Opération
On voit que dans ce cas (enchaînement simple entre 2
éléments procéduraux) l’utilisateur a le choix d’utiliser une
Transition Explicite ou Implicite avec les mêmes effets. La
possibilité de choisir le type de Transitions implique une coordination
entre l’automaticien qui développe la logique des Eléments
Procéduraux Equipement et l’ingénieur qui décrit le procédé de
fabrication.
La description des conditions attachées aux
Transitions Explicites n’est pas imposée par la norme. Les
applications peuvent utiliser des notations particulières ou faire
référence à la norme IEC 61131-3.
Règles de représentation et paramètres
La norme n’impose pas de couleurs pour le diagramme
ni de façon de représenter les paramètres. Ils doivent simplement
être accessibles à partir de l’élément procédural correspondant.
Début et fin
Les premiers projets imposaient l’utilisation d’un
seul symbole de départ et d’arrivée par graphe. L’utilisation de
graphes à entrées et sorties multiples est désormais permise pour
décrire des Procédures parallèles asynchrones avec évolutions
multiples. C’est une nouvelle différence importante avec le SFC.
A la différence du SFC, il n’y a pas d’étape
initiale. Celle-ci est unique dans le cas du SFC, alors que la notation
PFC autorise l’exécution simultanée de plusieurs éléments
procéduraux au lancement de la Procédure. Ceci est possible grâce au
symbole de Début.
Ces symboles ne sont pas exécutés et ne supportent
pas d’informations. Ils représentent seulement des positions.
PFC « Procédure Unité »
La Figure 11 représente une Procédure Unité qui
détermine les enchaînements des Opérations. A ce niveau, l’élément
procédural peut contenir un PFC de niveau inférieur (Opération
Recette manipulant des Phases ) ou référencer directement une
Opération Equipement.
Figure 11 – Procédure
Unité PFC
Le signe « + » placé dans le coin
supérieur droit de l’élément procédural indique l’encapsulation
d’un PFC de niveau inférieur. Par exemple, l’Opération Initialise
référence une Opération Equipement, il ne contient donc pas de Phases
Recette. Toutes les autres Opérations encapsulent des PFCs, et donc des
Phases.
L’utilisation de Transitions Implicites après les
Opérations Initialise et Charge permet une
représentation concise : la première partie du graphe se lit
comme une liste.
Les Transitions Explicites sous le symbole de
sélection (barre horizontale) sont évidement obligatoires.
PFC « Procédure Recette »
Les besoins de descriptions de la Procédure Unité
et de la Procédure Opération ne sont pas très différents. Par
contre, la représentation de la Procédure Recette diffère
sensiblement des 2 précédentes.
La Procédure Recette orchestre l’exécution d’activités
asynchrones (par exemple les Procédures Unité) qui ont des points de
synchronisation, des transferts de matières et des Exigences
Equipements.
En tant que plus haut niveau de la Procédure, il est
nécessaire de fournir le maximum d’information au plus au niveau d’abstraction
possible. La Figure 12 présente un exemple d’une Procédure Recette
simple.
Figure 12 – Procédure
Recette PFC
Allocation des ressources
Le symbole d’allocation de ressources représente
un élément procédural qui contient les Exigences Equipements (et
autres ressources telles que personnel, matières, énergie) pour la
Procédure Unité qui le suit. Il s’agit des règles d’allocation
constituées par exemple d’une liste des équipements utilisables pour
l’exécution de cette Procédure Unité. L’exécution de l’élément
doit entraîner l’allocation des ressources nécessaires (en
particulier les Modules Equipement) par un arbitrage manuel ou calculé
par un système d’ordonnancement. La forme du symbole et son objectif
sont normalisés, par contre le contenu est laissé à l’appréciation
de l’implémentation.
Lorsqu’une Transition Explicite suit le symbole d’allocation,
elle représente les conditions de lancement de la Procédure Unité.
Dans notre exemple, la Procédure Unité Préparation démarre
dès que l’élément d’allocation est exécuté, tandis que la
Procédure Unité Réaction exige un acquittement de l’opérateur
pour démarrer.
Lorsque les 2 Procédures Unité sont terminées, le
symbole de fin de séquences simultanées (convergence ET) permet au
graphe d’atteindre le symbole Fin et l’exécution de la Recette se
termine.
Une représentation incomplète
La Figure 12 semble indiquer que les 2 Procédures
Unité fonctionnent simultanément. Cette représentation est
incomplète : en généralisant, toutes les Procédures Unité
devraient être placées dans le même jeu de séquences parallèles. De
plus, les points de synchronisation et les mouvements de matières ne
sont pas représentés. La première solution qui vient à l’esprit
pour tenter de résoudre ce problème serait de décrire les Procédures
Unités en série comme dans une liste (Figure 13). Cette méthode ne
convient pas, car elle impose des points de synchronisation tels que la
première Procédure Unité soit terminée avant que la seconde puisse
démarrer. Elle ne résout pas non plus le problème de la description
des transferts de matières.
Figure 13- Procédure
Recette "Série"
Durée relative et Synchronisations
Le défi consistait donc à trouver une méthode
capable de représenter une large structure de séquences simultanées.
L’application des diagrammes de Gantt sur un axe vertical avec une
échelle de temps relative le permettait.
On a tout simplement allongé les éléments
procéduraux comme sur un diagramme de Gantt. La Figure 14 montre la
même Procédure Recette « étirée » pour montrer les
relations et points de synchronisation.
On peut noter que ni l’instant absolu de l’exécution
d’un élément procédural ni sa durée ne sont connus dans la Recette
(des informations statistiques de durée pour la planification et les
calculs de coût prévisionnels pourraient éventuellement être
récupérées). La longueur de l’élément procédural est donc
purement relative et n’a pas de rôle fonctionnel.
La taille des 2 Procédures Unité est telle qu’elle
permet de montrer que la Procédure Unité Préparation est d’abord
lancée et qu’à un moment donné de son exécution, le processus d’allocation
de la Procédure Unité Réaction est exécuté.
Ensuite, lorsque l’opérateur a validé les conditions de démarrage,
la Procédure Unité Réaction est démarrée. Plus tard, un peu
avant la fin de la Préparation et un peu après le démarrage de
la Réaction, un transfert matières s’effectue entre la cuve
et le réacteur respectivement alloués à la Préparation et à
la Réaction. Le transfert se poursuit pendant quelque temps et
la Réaction se poursuit. Lorsque les 2 Procédures sont
terminées, la Recette se termine.
Figure 14 – Extension
des Eléments Procéduraux et synchronisation
Une représentation multi-niveaux plus précise
Bien que relativement vague sur les événements, la
Figure 14 fournit plus d’information que la Figure 12. On peut aller
plus loin en montrant plusieurs niveaux sur le même PFC comme sur la
Figure 15. Les symboles des Procédures Unité ont été dilatés et les
PFC qu’elles encapsulent sont représentées à l’intérieur. On
voit à présent que les 2 Procédures Unité Préparation et Réaction
ont chacune 4 Opérations. On peut observer que le point de
synchronisation S1 concerne le prélèvement d’échantillon dans la
cuve de préparation tandis que le transfert de matière T1 est
effectué par les Opérations Transfert du Réacteur (Procédure
Unité Préparation) et Transfert de Préparation (Procédure
Unité Réaction)
Figure 15 – Détail de l’encapsulation
Autres règles du PFC
La notation PFC a pour objet de favoriser l’échange
des données de Recette entre systèmes et de rendre plus facile l’apprentissage
d’un nouveau système batch. Toutefois, il est reconnu qu’aucun
paradigme n’est définitif et que l’évolution et l’innovation se
poursuivront. Par conséquent, la norme permet d’étendre la notation
PFC. La seule exigence est que les extensions soient clairement
définies.
La Procédure est le ciment qui unit les différentes
catégories d’information de la Recette au sein de chaque élément
procédural. La norme n’impose pas la représentation de ces
informations. Les exemples ont montré une représentation possible des
paramètres de la formule et des conditions des transitions. La
description de l’en-tête de Recette et des
« Autres Informations » peuvent faire l’objet de
larges divergences dans l’implémentation.
En résumé
La notation Procedure Function Chart propose une
méthode normalisée et indépendante du fournisseur pour la description
de la Procédure de la Recette. Cette indépendance est assurée par le
fait que la méthode a été développée sur la base de multiples
méthodes et normes connues ou utilisées et en diffère suffisamment de
telle sorte qu’aucun fournisseur n’est avantagé. Un panel large et
diversifié de fournisseurs et d’utilisateurs a conduit son
développement et cette notation représente un consensus accepté par
toutes les parties. Il est attendu de la notation PFC qu’elle
Supporte une méthode normalisée pour les
échanges de données entre systèmes
Permette une communication efficace entre les
acteurs pendant toutes les phases des projets
Raccourcisse la courbe d’apprentissage des
auteurs de Recettes, et des opérateurs lorsqu’ils ont à mettre
en œuvre différents systèmes
Cette présentation a été réalisée à partir de
larges extraits d’une présentation de David Emerson[10].
Regard S88/S95 sur le(s) cycle(s) de vie du système
de PRODUCTION
Jean Vieille
Consultant
4, rue des Ecrivains BP46 -
67061
Strasbourg cedex (France)
[email protected]
http://www.jvieille.homepage.com
Résumé
Au delà des aspects purement techniques de leur mise
en oeuvre, l’application des normes S88 et S95 facilite une vision
globale et proactive de la gestion du cycle de vie du système de
production des entreprises manufacturières.
Ce cycle de vie s’accorde sur 3 rythmes
fondamentaux : l’ingénierie des ressources de production, l’ingénierie
des produits et le programme de fabrication. Le découplage des
contraintes de ces 3 cycles est une condition essentielle pour la
réactivité du système de production de l’entreprise.
Cette présentation propose une vision coordonnée de
ces cycles sous l’éclairage des normes ISA.
Introduction
Si l’amélioration de la productivité demeure un
objectif incontournable (pour combien de temps encore ?) pour la
justification du capital investi, la prise en compte des besoins du
consommateur en tant qu’élément de la valeur ajoutée arrive à
présent au devant de toutes les préoccupations de l’Entreprise. Le
principal moteur de cette évolution est la croissance exponentielle du
commerce électronique qui libère totalement la liberté de choix du
consommateur.
La survie et la performance de l’Entreprise
reposent maintenant pour l’essentiel sur sa capacité de réaction aux
besoins du marché et du client.
Il en résulte une concentration de l’Entreprise
sur son cœur de métier pour répondre de la manière la plus
appropriée possible à ces besoins ou ces attentes. Les logiques de
gestion des stocks et d’investissement prévisionnel en ressources de
production s’effacent au profit d’une politique du Juste-à-Temps
dans laquelle la mobilisation des ressources n’est plus une
contrainte, mais une tâche logistique au même titre que l’approvisionnement
des matières ou la livraison des produits.
Idéalement, l’Entreprise qui veut introduire un
nouveau produit (ou adapter un produit existant) doit développer ce
produit « à capacité infinie » et mobiliser le moment venu
les ressources nécessaires dans son propre système de production ou
sur un marché en pleine ouverture d’externalisation (outsourcing) des
ressources de production. Si la situation ne semble pas idéale du point
de vue des coûts, elle est justifiée par le fait que le client est
prêt à payer plus cher le produit qui arrive le plus vite pour
satisfaire ses attentes et parce que le raccourcissement de la durée de
vie du produit ne permet plus de justifier les investissements
nécessaires en capital. Pour reprendre le discours de Michael Saucier,
Le cas limite est l’ « Entreprise de Produit »
en contact avec le consommateur qui paiera la totalité de la valeur
ajoutée. Elle conçoit les produits et organise leur fabrication pour
les délivrer dans les conditions de délais, coût et qualité
attendues par le marché et les clients, mais elle ne
« possède » aucune des ressources nécessaires pour
produire.
D’un autre côté, les Entreprises pourront
réorienter l’exploitation de leur ressources de production pour les
mettre à la disposition d’un marché dans lequel puiseront les
« Entreprises de Produit ». Ces « Entreprises
de Production » vont intervenir dans les processus de
fabrication selon les « fonctions processus » qu’elle
peuvent offrir, leur capacité et leur disponibilité. Ce schéma, qui
pousse à l’extrême le principe de la sous-traitance, est déjà
classique dans certaines industries (Internet, Semi conducteurs,
electro-ménager…)
Dans ces conditions, le système de production est un
maillon essentiel d’une « Entreprise virtuelle » composée
d’entités multiples « Produits » et
« Production ». Pas seulement parce qu’il génère une
part importante de la valeur ajoutée (même si elle tend à diminuer),
mais surtout parce qu’il se trouve sur le chemin critique des
processus fondamentaux d’activité de la chaîne logistique. Ce
découplage des fonctions de production impose un pilotage
efficace :
Sur le plan tactique (traitement des ordres de
production)
Comme sur le plan stratégique (amélioration et
mise sur le marché de nouveaux produits)
L’ingénierie traditionnelle, enfermée dans une
dépendance planifiée des cycles de conception du produit, de l’outil
de production et de la planification opérationnelle de la production,
doit évoluer pour s’adapter à ces nouvelles exigences.
Nous examinerons les apports des normes ISA S88 et
S95 dans la mise en œuvre de l’Entreprise ainsi remodelée.
Ces réflexions s’adressent d’abord aux
industries de processus et s’appuient sur les idées qui prévalent au
sein des groupes ISA SP88 et SP95, partagées par d’autres auteurs.
Ingénierie traditionnelle du système de production
En observant l’exemple d’un cycle en
« V » représentatif de l’ingénierie traditionnelle, on
observe que :
Les spécifications du processus sont un préalable
nécessaire pour développer le système de production qui ne peut
être qualifié qu’en fin de projet « one-shot »
L’ensemble du système de production doit être
préalablement conçu pour répondre au design initial du
processus : toute variation du processus peut entraîner une
remise en cause du système. En généralisant, si le système de
production est conçu pour plusieurs processus, tous les éléments de
cette flexibilité doivent être définis préalablement à l’implantation.
Mise à part une précédence chronologique, il n’existe
aucune interactivité avec la phase opérationnelle de la vie de l’installation :
on ne peut démarrer la production que lorsque toutes les fonctions
nécessaires ont été implémentées, le procédé est conçu
« pour durer », sa remise en cause est coûteuse et passe
par un cycle de complet d’ingénierie.
La sous-traitance représente un premier pas vers
le concept évoqué dans l’introduction. Mais elle est définie de
façon statique lors de l’ingénierie globale
Produit+Ressource : elle intervient souvent dans les processus
secondaires où elle est traitée « à capacité
infinie ».
Les trois cycles de vie du système de production
Dans cette étude, les contraintes qui lient le
système de production aux fournisseurs ne sont pas remise en cause, et
n’apparaîtront pas.
Nous venons de voir que l’ingénierie
traditionnelle des installations s’appuyait sur les besoins
spécifiques et exclusifs du produit à fabriquer.
La vision binaire précédente (construction du
système pour le produit, fabrication du produit) ne permet pas à l’Entreprise
de répondre à ses nouveaux défis. Nous devons mettre en oeuvre un
modèle de conception et de comportement du système de production qui
corresponde à de nouvelles exigences. En décomposant l’ingénierie
traditionnelle en deux éléments, on définit trois cycles de
base qui rythment la vie du système de production.
L’ingénierie du produit qui décrit le
produit et ses règles génériques de fabrications :
Elle réagit aux besoins du marché en mobilisant la
fonction R&D.
Elle présente des phases de création et d’exploitation
de durée très variables : souvent très courtes pour les biens de
consommation, très longues pour les produits pharmaceutiques.
L’enjeu peut être stratégique lorsqu’il s’agit
d’aborder de nouveaux marchés, mais devient de plus en plus tactique
lorsque l’Entreprise doit réagir à l’évolution constatée de la
demande.
L’ingénierie des ressources de production
Elle représente le processus de gestion des actifs
physiques du système de production et correspond à un cycle de vie
caractérisé par :
Une phase de construction relativement lourde qui
mobilise des capitaux importants
Une phase d’exploitation très longue (parfois
plusieurs dizaines d’années)
Une justification dans une démarche stratégique
globale à long terme de l’Entreprise.
Un sous-cycle de la Maintenance qui affecte les
performances, le coût d’exploitation et la disponibilité.
Des spécifications en terme de capabilités,
mobilisation de main d’œuvre et consommation d’énergie
Le programme de production
Ses caractéristiques sont très variables selon le
type de production (continue, discontinue, discrète), avec une période
relativement courte en regard des deux cycles précédents. Il se
déroule de manière successive pendant toute la durée d’existence du
produit en s’appuyant sur l’ingénierie du produit et sur les
ressources de production pour piloter les flux de matières.
Les objectifs fixés par la planification doivent
être accomplis par le système de production dans les meilleures
conditions de performance (qualité, coût, respect des délais).
Pilotage par le Marché et les Clients
Considérons à présent la façon dont ces cycles
interagissent face aux besoins du marché.
Si les procédés de fabrication sont à l’origine
de la conception initiale du système de production, l’Entreprise
devra être capable de le faire évoluer dans des conditions
optimales lorsqu‘elle mettra en œuvre de nouveaux processus:
Soit par une évolution cohérente de ses propres
ressources,
Soit en organisant efficacement la mobilisation de
ressources externes.
Dans le premier cas, on cherchera à créer un
environnement favorable aux projets d’ingénierie en minimisant les
effets de l’évolution sur les ressources non concernées. Le cycle de
vie sera déterminé par les contraintes traditionnelles de l’ingénierie.
Dans le second cas, le processus de fabrication se
déroulera partiellement ou totalement à l’extérieur de l’entreprise.
Le système est beaucoup plus réactif, tandis que la gestion des flux
logistiques et informatifs devient critique.
Sur la figure ci-dessous, on met en évidence
certaines dépendances :
La demande Stratégique du Marché pilote l’Ingénierie
Produit
L’ingénierie Produit détermine l’ingénierie
des Ressources de Production
La planification opérationnelle répond à la
demande réelle ou prévisionnelle et détermine le Programme de
Production, lui-même représentatif de l ‘état actuel de la
production vis-à-vis du demandeur (le Client)
Le programme de production s’appuie sur L’ingénierie
du Produit (Comment fabriquer) et sur l’ingénierie des Ressources
(quelles sont les ressources disponibles ?), il est contraint par
les deux.
Des cycles asynchrones traditionnellement dépendants
Le couplage entre les ingénieries du produit et des
ressources est un handicap pour l’Entreprise Réactive. La figure
ci-dessous donne un exemple de déroulement des 3 cycles
:
La demande stratégique déclenche le lancement
simultané de 2 produits P1 et P2 et le développement des
ressources correspondantes R1 et R2.
La demande tactique (basée sur les commandes, les
prévisions et la disponibilité des ressources opérationnelles et
matières) déclenche les ordres de production.
On observe que :
Le programme de production ne peut évidemment s’exécuter
que lorsque les modes opératoires et les ressources sont disponibles
L’ingénierie des ressources est sur le chemin
critique de la mise sur le marché et suit généralement celle du
produit (cas du produit 2), mais elle peut la recouvrir partiellement
pour tenter de raccourcir le délais de mise sur le marché. On a pu
observer des situations ou l’usine terminée n’avait rien à
produire suite à un abandon tardif du produit.
La phase opérationnelle de disponibilité des
ressources est généralement supérieure à celle du produit (produit
2), mais la situation inverse existe (produit 1).
Les fins de cycle du produit et des ressources
conduisent souvent à des situations d’autant plus gênantes que les
cycles sont courts et nombreux.
Cet exemple est bien sûr très schématique :
les ordres de production sont successifs, les ressources sont affectées
spécifiquement aux produits.
L’Entreprise réactive
Nous allons modifier le schéma précédent en
distribuant les rôles dans 2 entités coopératives sur le modèle de
Michael Saucier : l’Entreprise de Produit et l’Entreprise
de Production. Ce schéma ne présume pas nécessairement d’une
scission juridique de l’Entreprise qui se séparerait de son outil de
production, mais établit une nouvelle relation entre le domaine du
Produit et le domaine de la Production. Interne, externe ou réparti, le
système de Production est découplé du domaine du Produit et devient
un élément responsable de sa propre performance.
Les entreprises qui ont basé leur relation client
sur l’interactivité « électronique » nous démontrent
spectaculairement les effets d’une stratégie résolument orientée
vers le consommateur. Elle n’est possible que si l’Entreprise,
devenue sensible aux désirs actuels du consommateur, se donne les
moyens d’y répondre dans les meilleures conditions. Le découplage de
la fonction de production et la mise en place d’une relation de type
Client - Fournisseur dans les échanges devient le seul moyen de
parvenir à la réactivité nécessaire.
Côté Entreprise de Produit :
La demande stratégique, mue par les désirs du
Consommateur, pilote l’ingénierie du Produit.
Le programme de production s’appuie sur des
ressources externes disponibles sur le marché auprès de multiples
entreprises de Production. Ces ressources sont mobilisées concurremment
pour les besoins du programme de production. L’optimisation du capital
investi dans ces ressources est sans objet.
L’ingénierie des ressources de production n’est
plus sur le chemin critique de la réponse à la demande du marché
Côté Entreprise de Production
L’ingénierie des Ressources de Production s’appuie
sur les besoins génériques du marché. (animé par les Entreprises de
Produit)
Le programme de production consolide les ordres en
provenance de multiples clients « Produit ».
Le savoir-faire de l’ingénierie Produit
(protégé), transmis avec l’ordre de production, n’est pas
capitalisé (il peut être protégé).
Les trois types d’Entreprise
On peut comparer les contraintes de ces 2 types d’Entreprises
avec celles d’une Entreprise intégrée classique (mixte).
L’Entreprise de Produit :
Concentre ses investissements R&D
Gère une demande direct du consommateur et du
marché
Organise la chaîne logistique globale du produit
Le rendement du capital investi est directement
proportionnel à la valeur ajoutée et à la quantité fabriquée par
produit. Cette valeur ajoutée n’est pas générée par l’activité
de production mais par la qualité de la relation avec le client et
le marché.
L’Entreprise de production :
Définit sa stratégie d’investissements en
équipements matériels vis-à-vis d’une demande stratégique
« lissée » en ressources de production génériques
élémentaires et composées.
Veille à l’utilisation optimale de ses ressources.
Organise la chaîne logistique autour de ses domaines
d’intervention.
Le rendement du capital investi est directement
proportionnel
à l’occupation de la ressource et à la valeur
ajoutée générée par l’activité de cette ressource.
L’Entreprise traditionnelle « mixte »
doit quant à elle conjuguer tous ses talents pour trouver les compromis
qui valoriseront ses investissements et lui permettront de satisfaire le
marché et le client.
|
Besoins du marché |
Capital Investi |
Base ROI |
Mixte |
Produits |
R&D
Ressources |
Vente du produit :
Valeur ajoutée / Produit*Quantité |
Produit |
Produits |
R&D |
Vente du produit :
Valeur ajoutée / Produit*Quantité |
Production |
Fonctions Processus |
Ressources |
Occupation Ressources :
Valeur ajoutée / Ressource*Temps |
Les nouveaux cycles de développement du système de
production
Fonctions Equipement et Processus
En regardant les Ressources de Production sous l’angle
des fonctions de base de Processus qu’elles assurent, nous pouvons
isoler du processus de fabrication du produit les fonctions
opérationnelles assurées par ces ressources :
Les ressources fonctionnelles ne sont plus
exclusives d’un produit ni d’une entreprise, elles assurent des
« fonctions d’équipement » génériques
Ces « fonctions d’équipement» doivent
correspondre aux « fonctions de processus » nécessaires
pour mettre en œuvre les Processus de fabrication
La complexité de la fonction d’équipement est
variable (S88 : de la phase élémentaire à la procédure
complète) et peut être considérée à plusieurs niveaux selon les
besoins.
On retrouve ici l’un des fondements de la norme S88
qui sépare la Recette du contrôle des Equipemente et la notion de
segment produit/processus de la norme S95.
Cycles de développement itératifs
On doit également considérer une approche plus
souple de l’ingénierie qui ne doit plus figer les systèmes dans des
configurations devenue éphémères. L’imagination prolifique du
marketing et de la R&D ne doit plus s’opposer à la rigidité
implicite des projets d’ingénierie en adoptant une démarche
itérative de développement et d’amélioration :
des produits : création et modification des
processus
et des systèmes de production :
reconfiguration des ateliers, ajout et suppression des ressources,
évolution des capacités et des services des équipements
Les spécifications fonctionnelles forment ainsi un
point de convergence / divergence et une interface entre l’ingénierie
du produit et l’ingénierie des ressources de production. Les cycles
d’ingénierie sont ainsi découplés et décomposés en entités
plus facile à gérer.
S88 et les cycles de la production
L’un des fondements de la norme S88 est le
découplage des fonctions de l’équipement et du processus de
fabrication. Elle s’accorde donc parfaitement avec notre propos, même
si la norme limite elle-même son champ d’application normal aux
processus « batchs ».
Ce concept prend tout son sens si l’on intègre le
contrôle de l’équipement dans l’ingénierie globale. Le modèle
physique S88 (ou sa généralisation S95) propose une décomposition
hiérarchique de l’installation. A chaque niveau, l’automaticien
peut attacher des « Eléments Procéduraux d’Equipement ».
Ces fonctionnalités génériques du système de production, confinées
dans leur environnement respectif, forme le « langage orienté
processus » du système de production dégagé de ses
responsabilités vis-à-vis de la méthode d’élaboration du produit
fini.
Cette décomposition statique va évoluer avec l‘actif
physique (modification, installation, démantèlement des équipements)
sans remettre en cause l’ensemble du système.
La norme S88 se concentre sur l’exécution du
programme de Production par un atelier déterminé ou « cellule de
processus ». Elle n’a pas été conçue a priori pour une
production distribuée dans laquelle plusieurs ateliers participeraient
à l’élaboration globale du produit.
Toutefois, son modèle procédural pourrait très
bien évoluer vers une forme plus souple faisant intervenir plusieurs
cellules de processus.
Ingénierie du Produit :
La recette Maître décrit la méthode de fabrication
adaptée à l’atelier
Les recettes « Générale » et
« Site » doivent permettre de présenter le processus d’une
façon générique (sans référence aux ressources particulières de
productions) tout en portant l’ensemble de l’information nécessaire
qui, combinée avec les données spécifiques des ressources cibles,
permettra de générer la recette « Maître » appropriée.
Le langage procédural PFC (S88.02) permet de
décrire la recette maître et les couplages avec les éléments
procéduraux d’équipement (mais n’est pas encore adapté aux
recettes générale ou de site)
Ingénierie des Ressources de Production :
Un modèle hiérarchique des ressources qui impose
une modularisation ordonnée du système de production. (précisé par
ASRID)
Les ressources intègrent les fonctions de processus
utilisables par les recettes
Programme de production :
La norme S88.02 propose une interface d’échange
des recettes Maître et de Contrôle et du programme de production
destiné à la cellule de production. (basée sur des tables SQL)
Les prochains travaux pourraient porter sur les
sujets suivants :
Couplage normalisé avec les équipements
Transformation Recette Générale / Site ->
Recette Maître
Compatibilité avec la norme S95
Définition d’une interface XML
S95 et les cycles de la Production
La norme S95 s’attache à la formalisation des
échanges autour du système de production vers les autres domaines de l’Entreprise.
Conçue pour s’appliquer à tous les types de
production, elle n’impose pas de modèle d’organisation de l’Entreprise
ni d’architecture du système de production. Elle suggère toutefois
un modèle physique de l’Entreprise extrapolé à partir de la norme
S88 et une définition des fonctions et des flux d’informations basée
sur le modèle PRM (Purdue University Reference Model) publié par l’ISA.
Ingénierie du Produit
La définition du processus de fabrication fait appel
à des « Segments de Produit » qui contiennent toutes les
exigences en ressources de production. Ces segment sont définis avec
une granularité adaptée à la planification et au contrôle des
coûts.
Ingénierie des Ressources de Production
Le modèle de définition des ressources est
banalisé pour toutes les ressources : matières et énergie,
personnel, équipements.
Pas de structure imposée, mais le modèle permet d’échanger
des éléments hiérarchisés
L’organisation du système de production par
Segments de Processus correspond bien au concept de « Ressource
fonctionnelle de production ».
La mise à disposition en temps réel des
Capabilités du système de production permet une programmation
réaliste : disponibilité et utilisation, maintenance et pannes,
installation et désinstallation d’équipements…
Programme de production
Le programme de production contient des
« Segments de Produit » qui seront exécutés par des
« Segments de Processus » compatibles.
S88 et S95 : une consolidation nécessaire
On peut synthétiser les domaines de ces normes de la
façon suivante :
S88 :
Définition de la « Recette Générale »
pour l’Entreprise de Produit dans le cas des processus batch
(extension possible aux processus discret et continus ?)
Organisation de la cellule de processus et
intégration de ses ressources fonctionnelles
Gestion des « Recettes maîtres »
exécutables par les Cellules de Processus sélectionnées. Ces Recettes
Maîtres pour l’entité de Production peuvent n’êtres que des
« Recettes Partielles » du produit destiné à la
consommation.
S95 :
Contrôle des flux d’information entre les
systèmes de production (Entreprises de Production) et leurs donneurs d’ordre
(Entreprises de Produit)
Contrôle des flux d’information entre les
systèmes de production et les domaines connexes (Maintenance, Qualité)
Les points de communication existent, et une
consolidation devrait permettre de faire converger les terminologies et
les modèles.
Conclusion
Mue par une compétition exacerbée et par la
dictature du consommateur devenu impérative avec le développement du
commerce électronique, L’Entreprise invente une nouvelle répartition
des rôles et des activités que les systèmes d’information doivent
supporter.
La pyramide « intégrée » CIM a
définitivement éclaté, des structures extrêmement réactives et
coopératives voient le jour pour répondre à une demande devenue par
nature imprévisible, bousculant certains axiomes de l’ingénierie et
de la planification prévisionnelle.
L’intelligence des concepteurs, des intégrateurs
et des Entreprises nous a déjà mis sur la voie : Les systèmes
sont à présent conçus sur des bases ouvertes et modulaires qui
devraient permettre une mutation adaptée à ces exigences.
Des travaux de standardisation importants sont en
cours aussi bien dans le domaine normatif traditionnel qu’au sein d’associations
professionnelles :
ISA SP88, SP95
ISO TC184 (10303 « STEP », 15531
MANDATE), CEN TC310 (ENV 12204)
IEC TC65 (61512, 61158, 61499)
CIMOSA, OAG, WFM, OPC..
W3C (XML)
…
Ils doivent être complétés, consolidés et soumis
au verdict de la mise en œuvre.
Parmi ces travaux, la production des comités ISA
SP88 et SP95 matérialise des initiatives d’un niveau moins
académique que pragmatique avec un souci d’application immédiate.
Ingénierie Produit
Il faut impérativement faciliter le passage de la
conception des produits à la réalité industrielle.
La cohérence entre les données de base fournies par
la R&D, les données de planifications de l’ERP et les données d’exécution
du système de contrôle est un enjeu fondamental, encore loin d’être
bien compris par toutes les parties.
Le modèle S88 propose une vision de la
« Recette » sous plusieurs angles selon le stade de la
conception et son utilisation (Recettes Générale, Site et Maître),
mais ne les définit pas formellement et ne propose aucune règle de
transformation. La communauté des ERP ignore généralement tout de la
norme S88 qui n’a pas encore réussi à franchir son domaine originel
du contrôle de procédé.
Ingénierie des ressources
La norme S88 est focalisée sur les processus batchs
et doit prouver son universalité ou évoluer pour assurer la
représentation de toutes les fonctions opérationnelles de la
production. De plus, l’entité supérieure réellement prise en compte
par la norme S88 est l’atelier (Process Cell), vision réductrice du
problème.
De son côté, la norme S95 présente toutes les
caractéristiques d’ouverture nécessaires dans ce contexte, et reste
neutre dans la description des fonctions du procédé.
La seconde partie de la norme S95 définit des
attributs standards pour porter l’information, mais les propriétés
citées ne sont comprises que dans le cadre d’un agrément entre les
parties.
Programme de Production :
Elément opérationnel et dynamique de l’Entreprise,
ossature des flux d’information de la chaîne logistique autour de la
fonction de production, le programme de production s’appuie
directement sur les éléments plus statiques de l’ingénierie du
produit et des ressources et représente l’ensemble de la
problématique mise en évidence ici.
Futur
L’entreprise « sans délais » est
déjà sur la voie, et l’on peut devrait observer une évolution à
plusieurs niveaux :
La banalisation de l’optimisation logistique à
tous les niveaux de ressources : matières, énergie,
équipements, main d’œuvre
L’extension des principes de la CRM aux échanges
avec le système de production, qu’il appartienne à l’Entreprise
ou soit externalisé Dans ce dernier cas, le sous-traitant est un
partenaire opérationnel intimement lié au système de production vu
dans son ensemble.
On parle déjà de site « Portails »
Internet où les ressources de production seraient échangées
(SAP/Sequencia).
L’amélioration de la communication entre les
différents composants : Compatibilité des moyens de
communication, standardisation des formats de données. On ne devrait
plus parler d’interfaces ou d’intégration Gestion-Production,
mais tout simplement de communication avec le système de production
(extension de l’EDI ). 2 atouts importants devraient contribuer à
ce résultat :
o
La norme S95
qui s’appuie sur un modèle généraliste conçu dans un esprit de
découplage conforme aux modèles SCOR (Supply Chain Operation
Reference : Plan, Source, Make, Deliver) ou AMR REPAC (Ready,
Execute, Process, Analyze, Coordinate).
o
Le langage XML
qui s’affirme comme le meilleur media pour le dialogue entre
systèmes hétérogènes.
Rôle et Acteurs du Cahier des Charges
Mots clé
S95, ISA, MES, SCM, ERP, REPAC, XML, UML,
Intégration, E-Manufacturing,
resumé
Les contraintes de l’industrie pharmaceutique
imposent de formaliser les phases du cycle de vie des systèmes de
contrôle-commande. Cette approche devrait se généraliser pour
garantir la qualité des systèmes. Elle ne suffit toutefois pas à
garantir la qualité « fonctionnelle » du système sans une
implication profonde de l’utilisateur dans la réalisation du cahier
des charges.
Nous présenterons ici la démarche et la méthode
utilisées pour l’automatisation d’un atelier polyvalent
pharmaceutique (Rhodia à Holmes Chapel, Royaume Uni). Le cahier des
charges comporte de nombreux aspects, mais nous nous limiterons ici à
la spécification opérationnelle du système de conduite.
INTRODUCTION
La construction de l’installation est presque terminée, les bornes
d’entrée/sortie sont en cours de câblage lorsqu l’on réalise que
le projet est en retard. Dès les premiers tests, il est clair qu’il
sera impossible de terminer à temps, des milliers d’erreurs ou d’omissions
apparaissent. Le projet passe en mode panique.
L’intégrateur se met à travailler sans compter ses heures,
essayant d’obtenir des informations, testant le logiciel applicatif,
recherchant les erreurs, essayant de s’y retrouver dans l’énorme
liste de commentaires et de modifications. Finalement, le logiciel est
livré avec un minimum de fonctionnalités indispensables pour permettre
le démarrage.
D’où vient le problème?
Ce n’est certainement pas la faute du système
de contrôle : les systèmes modernes sont puissants, ils
peuvent faire tout ce que l’ingénieur automaticien est
susceptible de lui demander, s’il est programmé correctement.
Il ne faut pas beaucoup de temps pour programmer
le système, si l’on sait ce qu’il faut programmer
Si nous demandons aux programmeurs ce qu’il s’est
passé, ils nous diront probablement :
Qu’ils ont seulement programmé ce qui était
dans la spécification,
Que la spécification était fausse,
Que la plupart des erreurs provenaient des
changements ou des améliorations,
Qu’il y a eu de nombreux ajouts,
Qu’ils ont passé le plus clair de leur temps
à rechercher des informations et à modifier ce qu’ils avaient
déjà programmé,
…
Cycles de vie des projets
For heureusement, tous les projets ne tournent pas à
la catastrophe. Les méthodes de gestion de projet utilisée en
informatique sont à présent mises en œuvre dans les projets d’automatisation,
avec pour résultat un suivi rigoureux et une meilleure maîtrise des
coûts et des délais.
Les contraintes particulières de l’industrie
pharmaceutiques qui doivent satisfaire les exigences cGMP (Current Good
Manufacturing Practices) de la FDA (Federal Drug Administration) ont
amené l’ISPE (International Society for Pharmaceutical Engineering)
à se pencher sur le problème en développant les règles du GAMP (Good
Automated Manufacturing Practices) basées sur l’ISO 9000-3.
Rôle du cahier des charges
Le cahier des charges (URS ou User Requirement
Specification) est l’étape initiale du cycle de vie d’un système d’automatisation
dans laquelle l’utilisateur final exprime ses besoins. Malgré cette
position déterminante dans le succès d’un projet, il ne fait pas
toujours l’objet de soins aussi attentifs que la conception et la
réalisation qui doivent souvent pallier l’insuffisance de l’expression
des besoins de l’utilisateur.
En distribuant les rôles entre l’utilisateur et l’intégrateur
et en établissant des procédures adaptées, il est possible de
concevoir un système avec un minimum d’implication de l’utilisateur.
Mais la démission de l’utilisateur dans l’expression
initiale du besoin au profit d’une validation a posteriori des
spécifications fonctionnelles réalisées par l’intégrateur ne
garantit pas que l’utilisateur obtient ce qu’il aurait voulu. En l’absence
d’une expression détaillée des besoins, c’est la spécification
fonctionnelle que servira de base à la qualification opérationnelle de
l’installation. L’utilisateur doit alors se contenter de vérifier
les contre-sens fonctionnels à la lecture d’une documentation
volumineuse et indigeste sur laquelle il s’engage.
Evidemment, une telle démarche conduit à de
nombreuses modifications lors de la mise en service afin que les besoins
essentiels, exprimés ou non soient couverts par les fonctionnalités du
système.
C’est pourquoi il est important que le cahier des
charges décrive de façon exhaustive, détaillée et indépendante
du système toutes les fonctions attendues de ce système.
Role et acteurs du cahier des charges
Le cahier des charges remplit trois fonctions :
Spécification du système
C’est sa fonction la plus évidente.
Suffisamment détaillé et précis, expression conforme des besoins
de l’utilisateur, il est le support efficace de spécification et
de la conception du système.
Support pour la recette du système
Si la recette du système n’est confrontée qu’au
spécifications de l’intégrateur, il subsiste une marge d’interprétation
qui peut conduire à des surprises lors du démarrage. Il est
essentiel que les tests de qualification s’appuient sur le cahier
des charges qui fait abstraction des contraintes de l’implémentation
pour exprimer le besoin réel. L’utilisateur qui a rédigé le
cahier des charges doit pouvoir s’assurer de la conformité de l’installation
livrée.
Documentation du système en exploitation
Le langage utilisé pour la description
fonctionnelle au niveau du cahier des charges est naturel pour l’exploitant.
Il a d’ailleurs participé à sa rédaction. Il est donc naturel d’utiliser
ce document comme aide à l’exploitation.
Ce point est très important : il justifie
à lui seul le travail important qu’il faut fournir pour obtenir
un document de qualité. C’est une garantie de cohérence totale
tout au long du cycle de vie.
Ceci impose bien sûr une gestion rigoureuse des
changements.
Deux catégories de personnes détiennent la
connaissance des fonctionnalités attendues du système automatisé
et seront confrontées aux comportements spécifiés:
Les ingénieurs procédé
Les exploitants
L’automaticien n’apparaît pas ici. Pourtant,
dans de nombreux projets, il est le rédacteur exclusif du cahier des
charges. On peut invoquer les raisons suivantes :
Refus des premiers de s’impliquer dans une
tâche qui leur semble hors de leur compétence.
Très grande expérience des seconds qui peuvent
produire des spécifications complètes qui seront comprises par
leurs pairs lors de la réalisation.
Il est vrai que dans certains cas, l’automaticien
a toutes les compétences requises grâce à son expérience dans le
métier et sur les équipements considérés. Mais ceci est de plus
en plus rare, et l’on a même des difficultés à trouver des
automaticiens capables de maîtriser l’ensemble du système :
instrumentation, câblage, partie opérative, interface
homme-machine, acquisition et traitement des données…
En pratique, il faut bien reconnaître qu’une
certaine expérience du contrôle de procédé est indispensable pour
mener à bien une telle tâche, et que l’automaticien doit intervenir
de toute manière pour garantir la cohérence des spécifications.
Contrôle des équipements et contrôle de procédé
Dans un tel contexte, il est encore plus important de
poser des règles précises pour la construction et la rédaction du
cahier des charges. En se basant sur des standards et des normes, on
dispose de bases solides que l’on complètera par des directives
permettant d’assurer la cohérence.
Les procédés Batchs sont réputés pour être parmi
les plus difficiles à contrôler parce qu’ils disposent de multiples
états stables et parce que le procédé est rarement figé.
L’idée originale a été de séparer totalement le
contrôle des équipements du contrôle du procédé. La norme ISA S88 /
IEC 61512 a normalisé le contrôle des procédés Batchs, et la
séparation du contrôle des équipements du contrôle de procédé est
un de ses fondements.
On considère une installation industrielle comme le
fruit de l’assemblage d’éléments mécaniques relativement
standards. Dans notre cas, en réunissant réservoirs, échangeurs,
sécheurs, tuyauteries, pompes, vannes…, on peut réaliser n’importe
quel type de procédé. En réunissant ces éléments en sous-ensembles
homogènes, on peut leurs associer des fonctionnalités élémentaires
totalement indépendantes du procédé de fabrication. C’est le
Contrôle des Equipements.
Pour exécuter et automatiser un procédé de
fabrication, on fait appel aux services de base des équipements en
décrivant des procédures qui seront exécutées manuellement ou
automatiquement : c’est le Contrôle du Procédé.
Dans notre cas, le procédé lui-même n’était
même pas connu au moment de la conception du système !
Le cahier des charges se limite au contrôle des
équipements : le contrôle du procédé fait l’objet de projets
indépendants selon les produits à fabriquer. L’incidence de la mise
en œuvre d’un nouveau produit doit avoir des répercussions minimales
sur le contrôle des équipements : généralement, il s’agira
simplement de s’adapter à la nouvelle configuration matérielle
(ajout de nouveaux équipements, modification d’équipements
existants).
Approche modulaire
Il est bien, difficile de suivre une approche
cartésienne, du général au détail pour définir l’ensemble d’un
système automatisé. Une démarche analytique, a priori moins
élégante, s’avère beaucoup plus facile à appréhender.
RHODIA (à l’époque Rhône Poulenc), a mis au
poins la méthode ASTRID dont l’un des objectifs est de proposer un
processus systématique pour définir des objets indépendants de petite
surface.
C’est également l’une des bases de la norme S88.
ASTRID y apporte des règles et des mécanismes simples pour rendre le
découpage fonctionnel facile et compréhensible par des
non-automaticiens.
On peut présenter les 2 approches par le schéma
suivant :
Les objets physiques (S88 : Equipment Modules,
Control Modules ; ASTRID : Ressources) représentent les plus
petites entités matérielles reconnues par le système. On leur associe
des comportements génériques valables en toutes circonstances.
Les objets fonctionnels sont définis à partir des
services jugés nécessaires qui vont mettre en œuvre un certain nombre
d’objets physiques.
Au niveau supérieur du Contrôle de Procédé
(modèle procédural), on décrira les enchaînements des objets
fonctionnels nécessaires pour que l’atelier fabrique le produit
demandé (manuellement ou automatiquement).
Une méthodologie simple pour le contrôle des
équipements
La méthode propose une démarche simple et
rigoureuse :
Mise en évidence des entités physiques
(groupements élémentaires d’équipements) sur les
schémas : les Ressources
Spécification des Ressources
Définition des fonctions élémentaires par
analyse des flux
La démarche est donc résolument
« Bottom-Up ». En partant de l’instrument, on peut
représenter le schéma suivant
Les différentes parties du cahier des charges
fonctionnel
La documentation du cahier des charges
comprend :
Philosophie du Contrôle-Commande : pour
situer le projet et les contraintes, besoins généraux et les
données de base du projet.
Description des objets génériques : Chaque
objet physique ou fonctionnel est défini en termes génériques
pour être utilisé par de multiples instances
Description des instances des objets :
chaque objet est défini en associant un objet générique à un
équipement
Les alarmes et verrouillages de sécurités
« non contextuels » traités sur une base combinatoire
et pouvant dépendre du procédé de fabrication.
Documentation complémentaire : Tous les
détails de la sémantique de la description, des mécanismes de
base, pour assurer la cohérence et la compréhension des
spécifications
Résultats et problèmes
Les points négatifs
La méthode, basée sur des éléments très concrets
du procédé lui-même et faisant largement appel à la conception
orientée objet, a été mal perçue au départ par l’équipe système
de conduite de l’engineering et du site.
Ceci nous a obligé à pousser très loin la
formalisation des règles sémantiques utilisées pour la description
fonctionnelle et la description des mécanismes de base de coopération
entre objets. Cette documentation devrait toutefois être réutilisable
pour d’autres projets, et elle a permis de préciser de nombreux
points non documentés de la méthode.
L’établissement d’une spécification
fonctionnelle utilisateur détaillée demande un travail très important
en lui-même : c’est autant de temps de gagné pour la
réalisation. Dans notre cas, la réalisation par des non-automaticiens
et en plusieurs équipes a sensiblement allongé le temps de rédaction
des spécifications avec de nombreuses reprises pour assurer la
cohérence de la documentation (mise en page, style des expressions,
noms des variables, répartition fonctionnelle entre objets…)
Les points positifs
La méthode a été remarquablement acceptée par l’équipe
chargée de la spécification fonctionnelle. Cette équipe était
composée de trois chefs de quart d’exploitation et de deux
ingénieurs procédé, guidés par une expertise adéquate.. Il n’a
pas été possible de mobiliser des automaticiens pour cette tâche.
Les spécifications se sont révélée extrêmement
claires et dépouillées par rapport à ce que l’on aurait pu craindre
d’une équipe d’automaticiens : seuls les problèmes réalistes
sont traités, les simplifications sont admises et validées par la
qualité même des rédacteurs. De plus, la méthode définit des
mécanismes qui prennent en charge un grand nombre de verrouillages de
sécurités
L’utilisateur connaît parfaitement ce qu’il peut
attendre du système et n’en demandera pas autre chose. Les tests
de qualification seront exécutés face aux besoins exprimés et non aux
besoins compris, ce qui doit éliminer un certain nombre de
modifications lors de la mise en service.
Conclusion
Le cahier des charges accompagne toute la vie du
système de conduite. Sa maîtrise par les concepteurs du procédé et l’exploitant
est déterminante aussi bien lors de la construction que pendant l’exploitation
des installations.
Les spécialistes du procédé et de l’exploitation
sont les acteurs principaux de la rédaction du cahier des charges du
système de conduite avec le support de l’automaticien. Il est
important de prendre de la distance avec l’implémentation, ce qui est
très difficile pour le spécialiste.
Dans notre cas, les apports essentiels de la méthode
ASTRID et de la norme S88 ont permis une prise en charge totale de la
spécification par les véritables acteurs du cahier des charges et une
simplification notoire. Le découplage avec l’automaticien s’est
révélé très enrichissant. L’astuce a fait place au pragmatisme et
à la simplicité.
Intégration Production- Entreprise : La norme
ANSI/ISA S95
Jean Vieille
4, rue des Ecrivains
BP46
67061 Strasbourg cedex
+33 (0)3 88 25 12 75
+33 (0)6 11 62 52 61
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jvieille.homepage.com |
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Mots clé
S95, ISA, MES, SCM, ERP, REPAC, XML, UML,
Intégration, E-Manufacturing,
résumé
La continuité de la chaîne logistique à travers le
système de production pose de nombreux problèmes liés aux
différences culturelles et technologiques.
En définissant la terminologie et les flux de
données des fonctions périphériques du système de production, la
norme ANSI/ISA S95.01 développe un modèle pour l’échange des
données de production : règles de fabrication, état des ressources et
information de production.
Au delà de la justification d'une intégration
adaptée du système de production, la conférence traitera de l'origine
et des modèles de la norme, de ses relations avec les autres normes ou
modèles et des travaux en cours.
INTRODUCTION
Pour suivre la mode, le titre de cette communication
aurait pu être « Entrez dans l’ère de l’E-manufacturing ».
Mais il s’agit plus que d’une mode.
Aiguillonnée par la « dictature » CRM,
imposée par les lois folles de l’Internet, la réactivité de l’entreprise
est une priorité pour ceux qui veulent augmenter leurs parts de marché
et leur profits ou simplement survivre. Cette contrainte restera pour
longtemps au-devant des préoccupations stratégiques de l’Entreprise
Il y a déjà longtemps que l’Entreprise ne se
place plus elle-même au centre du monde en faisant plier ses
fournisseurs et en s’accommodant des exigences de ses clients. Membre
d’une chaîne logistique, elle met en œuvre des solutions adaptées
aux transactions commerciales interactives et à la maîtrise des flux
matières principaux.
Le système de production pose des problèmes
particuliers et n’est pas toujours pris en compte dans une démarche d’optimisation
logistique.
L’intégration des systèmes de production et de
gestion est loin d’être un sujet nouveau, mais elle demeure un
challenge face à un bilan peu convainquant :
La rigidité de l’intégration
« dure » des modèles CIM des années 70 a laissé des
traces, et les découplages d’aujourd’hui offrent des solutions
aux interfaces floues et difficiles à maintenir.
La maturité technologique des systèmes d’information
est longue à venir, même si les progrès sont rapides. La puissance
des systèmes augmente rapidement, mais les méthodes n’en tirent
pas toujours le meilleur parti.
Mais les aspects techniques n’offrent plus
aujourd’hui de difficultés majeures. Les différence culturelles
entre les métiers de la production et de la gestion, la diversité
des contraintes et des approches d’un type d’industrie à l’autre
sont la source des principaux problèmes.
C’est ce constat qui a été à l’origine du
développement de la norme ANSI/ISA S95.
Dans la suite de l’exposé, l’ensemble du
système d’information du système de production est appelé
« Contrôle ». Ce terme correspond à l’usage anglophone
et reste compréhensible en Français.
défis de l’Entreprise et
systèmes d’information
L’entreprise doit continuellement :
Répondre aux changements du marché
Répondre aux changement de la technologie
Réduire les craintes du changement
Réduire les perturbations sur l’activité ou la
perception par les partenaires des perturbations engendrées par le
changement
Gérer les coûts
Comment faire face à ces contraintes ?
Deux facteurs sont particulièrement
importants :
Une bonne information est un préalable pour de
bonnes décisions. La qualité de l’information réside autant dans
son contenu qui doit être adapté à l’usage que dans la façon
dont elle est obtenue est diffusée
Le personnel doit être attentif et intéressé aux
performances de la production
Rôle du système d’information :
Le système d’information intégré doit
permettre :
De gérer efficacement les données :
Validité, Format, agrégation en méta-données, Collecte et
traitements automatisés, Mise à disposition dans un temps compatible
avec les besoins (« temps réel »)
D’optimiser le coût total de possession :
Ressources, Actifs, Capitaux
De réduire les risques :Amélioration de la
flexibilité, de la compétitivité, Adaptation plus facile au
changement
Problème !
L’interface entre système de production et de
gestion réunit des communautés disparates :
La communauté du Contrôle de Production maîtrise
la complexité des problèmes de l’atelier, Les autres fonctions de
l’Entreprise lui sont pour la plupart étrangères
La communauté de la gestion industrielle est à l’aise
dans ses problèmes de planification et de comptabilité, les système
de contrôle de production lui apparaissent plutôt comme une boite
noire.
Figure 1 : Problématique de l'intégration
Face à cette situation, on identifie besoins suivants :
Réduire le temps nécessaire pour les utilisateurs
pour atteindre la pleine production de nouveaux produits.
Permettre aux vendeurs de développer les outils
appropriés pour intégrer les Systèmes de Contrôle dans l’Entreprise.
Permettre aux utilisateurs de mieux identifier
leurs besoins.
Réduire le coût de l’automatisation des
processus de gestion de la production.
Optimiser la "Chaîne d’Approvisionnement"
de l’utilisateur.
Réduire l’effort d’ingénierie du cycle de vie
Objectifs de la norme S95
L’ambition de la norme S95 est de réduire les
difficultés de l’intégration du système de contrôle de la
production. Face à ces problèmes, les objectifs sont les
suivants :
Etablir un vocabulaire commun aux différentes
stratégies de production
Proposer une vue commune des problèmes
Construire un modèle commun
Définir les structures de données
Obtenir rapidement ces spécifications
La norme S95 s’adresse à ceux qui sont :
concernés par la conception, la réalisation et l’exploitation
des installations de production
responsables de la spécification d’interfaces
entre les systèmes de contrôle de procédés quels qu’ils soient
et les autres systèmes de l’entreprise
concernés par la conception, la création, le
marketing et l’intégration de produits utilisés pour réaliser ces
interfaces
Application
La norme :
Peut être utilisée pour améliorer la capacité d’intégration
existante des Systèmes de Contrôle dans le Système d’Entreprise.
Peut être appliquée sans considération du degré d’automatisation.
Favorise une bonne intégration des Systèmes de
contrôle dans le Système d’Entreprise
pendant tout le cycle de vie de ces systèmes.
Cette norme n’a pas pour objectif :
d’affirmer qu’il n’existe qu’une seule voie
pour l’intégration des Systèmes de Contrôle dans le Système d’Entreprise
de forcer les utilisateurs à abandonner leurs
pratiques courantes pour gérer l’intégration
de restreindre ou de contraindre les
développements des systèmes d’intégration
Domaines d’application de la norme S95
Comment une telle norme peut-elle couvre un large
spectre de systèmes de production : fabrication sur stock ou à la
commande, conception à la commande, Kanban, fabrication répétitive,
continue ou batch ?
Figure 2 : Typologie produit
Pour répondre à cet objectif, la norme :
considère les processus de gestion séparément
des processus de fabrication
définit l’information sans imposer les processus
de traitement de l’information.
Figure 3 : Stratégies de production et Logistique
Contenu de la norme S95
Purdue Reference Model for CIM
(Purdue
Enterprise Reference Architecture – www.pera.net)
Pour conduire ses travaux, le groupe SP95 s’est
appuyé sur un modèle d’entreprise élaboré.
Le PRM a été développé à le fin des années 80
à l’université de Purdue (USA) par un consortium de vendeurs, d’utilisateurs
et d’universitaires. Ce projet était conduit par le Dr. Theodore
Williams, membre du comité SP95 et ancien président de l’ISA. Il
définit plusieurs modèles utilisés pour décrire l’ensemble d’une
entreprise de production, des éléments du rapport final sont inclus
dans la norme S95.01.
Le modèle hiérarchique de la planification et du
contrôle
propose un découpage conventionnel par niveau des
fonctions de l’entreprise vues de la production dans un contexte
opérationnel. Il a permis de positionner clairement l’interface et a
établit la base des travaux du groupe SP95.
Figure 4 - modèle hiérarchique de la planification
et du contrôle
Domaines S95
Sur ce modèle, la norme S95 définit l’interface
entre les niveaux 3 et 4 :
Figure
5 Domaines S95
Domaine S95.01 : Modèles & Terminologie
La première partie de la norme définit :
L’Étendue du domaine de contrôle
manufacturier
L’Organisation de l’actif physique de l’Entreprise
manufacturière.
Les Fonctions concernées par l’interface
entre les domaines du Contrôle et de Gestion de l’Entreprise
L’Information qui est partagée entre les
fonctions de Contrôle et les fonctions d’Entreprise
Domaine S95.02 : Structures de Données et
Attributs
La seconde partie de la norme définit:
Les attributs des objets décrits dans la partie 1
Les structures de données pour échanger l’information
objet définie dans la partie1
Points particuliers :
Indépendance vis à vis de la technologie du
support de l’information
Pas de protocole imposé
Pas de format imposé pour les données
Domaine S95.03 : Modèles des activités de
production
La troisième partie de la norme définit les
modèles des activités à l’intérieur du niveau 3 du modèle
hiérarchique PRM :
Figure 6 Domaines S95.03
Modèles et définitions
Plusieurs modèles sont utilisés pour décrire les
concepts de l’intégration :
Chaque modèle précise une vue particulière du
problème de l’intégration
Ces modèles révèlent des niveaux de détail
croissants
Modèle Hiérarchique des Activités
Modèle des Flux de données entre Fonctions
Catégories d’Information
Modèles Objets
Figure 7 : Définition des modèles
Définition des domaines
Le Domaine détermine sur qui repose la
responsabilité. On distingue le domaine du Contrôle des autres
domaines de l ’Entreprise.
Une fonction appartient au domaine du Contrôle si
elle :
Est utile aux opérateurs pour faire leur
travail
Est critique pour assurer la conformité à la
réglementation.
Est critique pour la sûreté des installations
Affecte la phase opérationnelle de la vie
de l ’installation (par opposition à sa conception, sa
construction ou son démantèlement)
Identification des flux
Le modèle des flux d’information permet définir
les échanges et leur contenu.
Figure 8 - Le modèle PRM des flux d’information
Catégories d’information identifiées
Les flux d’information sont classés par
catégories. Les diagrammes de VENN sont utilisés pour illustrer les
recouvrement entre les différentes catégories d’information.
Figure 9 : Catégories d'information
Objets du modèle
Les objets suivants ont été définis :
PRODUCTION CAPABILITY INFORMATION |
Production capability
Personnel Model
Equipment Model
Material model
Process Segment Model |
PRODUCT DEFINITION INFORMATION |
Product segment
Manufacturing bill |
PRODUCTION INFORMATION |
Production schedule
Production request
Production performance
Production response |
Exemple : Modélisation de la capacité de production
Figure 10 : Modèle UML de la Capacité de Production
La capacité est définie dans le temps et selon ses
caractéristiques :
Figure 11 : Définition de la Capacité
La norme S95.02 propose les attributs suivants (pour
l’objet « Capacité de Production »
Attribute Name |
Description |
Examples |
ID |
Defines a unique instance of a production capability for a
specified element of the equipment hierarchy model [Part 1 Section
5.2] (enterprise, site, area, process cell, production line, or
production unit). |
1999/12/30-HPC52.01.02 |
Description |
Contains additional information and descriptions of the production
capability definition. |
"One day’s production capability for the East Wing
manufacturing line." |
Location |
An identification of the associated element of the equipment
hierarchy model.
Zero or more as required in order to identify the specific
scope of the production capability definition. |
East Wing Manufacturing Line #2 |
Element Type |
A definition of the type of associated element of the equipment
hierarchy model. |
Production line |
Time Period |
The date and time range over which the production capability is
defined. |
1999-12-30 11:59 -to-
2000-01-01 12:00 |
Le Langage XML
(voir
par exemple www.xml.com/pub)
Développé par le consortium W3C, le langage XML
étend aux données les caractéristiques du langage HTML de description
de pages. Alors que le langage HTML est dédié à la communication
entre la machine et l’homme, le langage XML permet aux ordinateurs de
dialoguer entre eux. Indépendant des systèmes, il s’affirme de plus
en plus comme le medium de communication privilégié de la Supply
Chain.
Le comité SP95 a démontré l’utilisation du
langage XML pour l’implémentation pratique de la norme S95., L’exemple
partiel ci-dessous, basé sur les schémas BIZTALK, concerne la
capacité de production. Ces "Schémas" peuvent être
interprétés facilement et permettent d’enrichir les messages en
toute transparence.
Conclusion
Développée dans un esprit pragmatique par des
acteurs diversifiés, la norme S95 offre une voie vers la maturité de
la communication avec le système de production. Après les interfaces
dédiées et propriétaires des systèmes MES ou des extensions
manufacturing des ERPs, elle présente une vision complète et un cadre
précis pour la définition et la mise en oeuvre des interfaces.
L'Automatique à la fin du millénaire.
Projet pour le rapport annuel du Club 18 de la SEE
Les origines de l'Automatique
Lors de la découverte de l'électricité, des
séances d'électrisation volontaires démontraient sa réalité et sa
puissance. Rien de tel pour l'Automatique qui n'est pas une science
fondamentale de notre univers physique, mais un élément primordial de
la vie de tous les jours.
L'Automatique a toujours fait partie de notre vie.
Dès que l'on influence la façon dont une activité est modifiée par
un événement extérieur sans intervention manuelle, on fait de
l'Automatique : Le piège qui se referme sur l'animal attiré par un
appât, le réservoir de la chasse d'eau qui se remplit sans déborder
après chaque utilisation, c'est de l'Automatique.
Ce dernier quart de siècle a vu la naissance de
nouveaux métiers dédiés à l'Automatique, rapidement impliqués dans
l'évolution des technologies de l'information : Contrôle de Procédé,
Régulation Automatique, Cybernétique, Robotique, Productique,
Domotique… Nous n'utiliserons ici que le terme
"Automatique", sensé couvrir tous ces métiers.
Au début, les électriciens et les
micro-mécaniciens (voire les horlogers), assuraient le développement
et la maintenance des systèmes de contrôle des équipements de
production. Les électriciens sont devenus des Automaticiens et
les micro-mécaniciens des Régleurs ou Instrumentistes.
Les uns ont câblé des relais électromécaniques puis développé et programmé
les Automates Programmables. Les autres ont étalonné les
capteurs et actionneurs analogiques, réglé les dispositifs de calcul
pneumatiques, hydrauliques, électroniques puis conçu et configuré
les Système Numériques de Contrôle Commande. Aujourd'hui, on ne parle
plus que d'Automaticiens. La technologie et le départ à la retraite
des pionniers achèvent lentement la convergence des deux types de
systèmes.
La situation technologique
Au seuil du nouveau millénaire, la technologie a
connu des progrès spectaculaires :
Les microprocesseurs toujours plus puissants ont
pris le relais des systèmes pneumatiques, hydrauliques,
électromécaniques ou électroniques analogiques.
Les réseaux informatiques offrent des capacités
de communication en constante augmentation, à comparer aux tubes de
cuivre ou plastique et aux liaisons électriques utilisés autrefois
pour véhiculer l’information.
La régulation du niveau d'eau d'une chaudière au
Vietnam assurée par deux hommes, l'un surveillant la colonne
transparente de l'indicateur de niveau, l'autre manœuvrant la vanne
d'eau, les deux communiquant par le son du gong ne peut être comparée
au contrôle complexe des chaudières de nos centrales modernes.
Pourtant, ces progrès n'ont pas encore transformé
radicalement la conduite, la sûreté et la flexibilité des
installations et ont même eu des conséquences néfastes sur la façon
de concevoir l’automatisme :
Les dispositifs mis à disposition de l'opérateur
pour superviser le fonctionnement des unités ont une efficacité
ergonomique souvent inférieure aux tableaux de commande d'autrefois.
Les comportements de l’automatisme dans les
situations anormales sont difficilement compensés par l'opérateur
mal informé par une information surabondante et insuffisamment
traitée.
La conception rigide de l’automatisme limite la
flexibilité inhérente du système physique de production et les
évolutions du procédé nécessitent des modifications profondes de l’automatisme.
L'ingénierie du système de contrôle-commande,
libérée de la plupart des contraintes matérielles par le logiciel,
a perdu beaucoup de sa rigueur. Les modifications ne sont pas gérées
et la qualité du système se dégrade rapidement.
Ces remarques ne s'appliquent bien sûr pas à tous
les systèmes existants, mais la situation ainsi décrite est largement
majoritaire. Parmi les causes de cette situation, le décalage entre
l'évolution de la technologie et son assimilation pratique par les
hommes. Pour y faire face, la réduction du temps de travail offre
l'occasion de consacrer une part beaucoup plus significative à la
formation continue.
L'Automatique intégrée
La technologie continuera à évoluer, et il est
difficile d'imaginer les moyens utilisables pour construire les
automatismes de demain. Les grands axes sont tracés et nous sommes au
début d'une révolution culturelle plus importante que la technologie
elle-même : La fin de ce millénaire a vu la naissance de l'Automatique
industrielle et des technologies de l'information qui ont permis son
développement. Le début du prochain millénaire sera celui de sa
maturité.
L’automatisme ne sera plus une entité autonome,
mais fera partie intégrante du système de production. On distinguera
le contrôle des équipements du contrôle du procédé de fabrication
lui-même, les entités de contrôle communiqueront entre elles de
façon simple et standardisée
Le rôle de l'automaticien au sens strict va
décroître. Il ne sera plus seul pour concevoir et maintenir les
composants d'automatisme du système de production. L'Automatique
devient partie intégrante des métiers qu'il supportait autrefois
Grâce à l’Automatique, l'opérateur ne sera
plus un exploitant critique et insatisfait, mais un acteur fondamental
du système de production dans ses phases de conception,
d'exploitation et de maintenance et un participant responsable aux
objectifs de l'entreprise.
Cette révolution a commencé, les travaux en cours
fournissent déjà une matière importante utilisable :
La norme IEC 61158 (réseaux de communication et
bus de terrain), au-delà des conflits d'intérêt qu'elle a fait
naître, apporte au concept de "Bus de Terrain" des notions
de communication évoluée qui préfigurent l'ossature de la
communication à l'intérieur du système de production
L'OPC (OLE for Process Control, interopérabilité
des applications distantes) agissant en dehors de la normalisation,
vise à fournir l'ensemble des services nécessaires pour assurer le
transfert de l'information entre composants. Elle s'appuie sur la
technologie Microsoft, mais son succès est tel que l'OAG travaille
sur une implémentation compatible CORBA.
La norme IEC 61131-3 (Langages de programmation
pour l’Automatique) définit des langages puissants qui libèrent la
créativité des concepteurs de composants d'automatisme de base
La norme IEC 61512 / ANSI-ISA S88 (Contrôle des
procédés par lots), développée initialement pour les procédés
discontinus, propose un modèle conceptuel qui sépare le contrôle
des équipements (indépendant du produit à fabriquer, basé sur les
ressources physiques du système de production) du procédé lié au
produit à fabriquer. On peut considérer ses concept comme un niveau
supérieur de l'automatisme capable de piloter les composants
élémentaires attachés aux équipements.
La norme ISA S95 (intégration Système d’Entreprise
– Système de contrôle) prend acte de la spécificité du système
de production et propose un modèle d'intégration qui facilitera
entre autres la communication de l’automatisme avec l'Entreprise
dans son ensemble.
On peut schématiser le chemin à accomplir par la
figure suivante :
Le système de production automatisé peut être
analysé sous les 3 composantes suivantes :
La capabilité est l'aptitude à exploiter
les ressources de l'unité pour fabriquer le produit désiré :
Capacité et Fonctionnalités. L'Automatique en est le vecteur
indispensable, la plupart des processus de production ne peuvent être
exécutés entièrement manuellement.
La flexibilité est l'aptitude du système
de production à exploiter des procédés de fabrication différents
sans reconception du système. L'exploitation manuelle est idéale
sous cet angle. Dans le meilleur des cas, l'Automatique
"classique" restreint les facultés inhérentes du système
de production. Dans le pire des cas, l'installation est
"mono-produit".
La complexité de l'Automatique est le prix
à payer pour supporter la capabilité et la flexibilité du système
de production.
L'Automatique intégrée doit assurer la flexibilité
et supporter la capabilité inhérente du système de production d'une
façon simple.
Conclusion
L'Automatique atteint l'âge de raison. Elle n'est
plus le domaine réservé de l'automaticien débordé par des
responsabilités hors de son propos, le facteur perturbant des
démarrages, le siège des dysfonctionnements. L'Automatique s'intègre
réellement dans l'ingénierie, chaque acteur du projet y prend sa part
de responsabilité.
L'Automaticien va-t-il disparaître ? L'informatique,
qui a évolué beaucoup plus rapidement, nous montre une spécialisation
accrue de métiers. Seuls ceux qui font un effort considérable pour se
maintenir à niveau avec l'état de la technologie survivent.
L'Automatique est un domaine beaucoup plus calme, mais cette
spécialisation est déjà dans les faits : ergonomie du poste de
conduite, réseaux, sûreté de fonctionnement, câblage, instruments,
réglage… L'Automaticien homme-orchestre capable d'intervenir dans
tous les aspects du système a déjà disparu.
A coté de ces spécialistes
"technologiques", on ne trouvera plus d'ingénieurs
d'applications capables d'appréhender toutes les contraintes du
procédé, mais au contraire des spécialistes du procédé capables de
définir les besoins d'Automatique et de les mettre en œuvre.
Aujourd'hui déjà, les systèmes qui donnent
satisfaction sont ceux dont les applications ont été réalisées sous
la responsabilité directe du site de production, et non délégués
sans directives et contrôles précis aux intervenants extérieurs. La
rédaction des spécifications et la validation prennent une part de
plus en plus importante dans les projets. L’industrie pharmaceutique,
par ailleurs relativement peu automatisée, est pionnière dans ce
domaine avec des projets rigoureusement encadrés par les
recommandations FDA ou GAMP. Le groupe de travail "Spécification
de la conduite des Systèmes de Production » de
l’EXERA travaille également sur ce sujet.